Qu'est-ce qu'un réseau de diffusion et comment les acteurs de la lutte contre l'épidémie doivent-ils déterminer lesquels sont les plus appropriés dans leur contexte ?
Les réseaux de diffusion sont les moyens permettant aux organisations d'atteindre, de mobiliser et d'informer les personnes au sein des communautés. La COVID-19 oblige les intervenants à imaginer d'autres moyens de communiquer les informations et de mettre en œuvre les programmes, surtout que les programmes présentiels ne sont pas toujours sans danger en ce moment. Il faut concevoir des projets de changement de comportement pour prévenir la COVID-19 en employant des techniques comportementales et des réseaux de diffusion appropriés ; cela dépendra des caractéristiques de la population ciblée et du lieu ou du contexte où votre organisation agit. Il est très probable qu'il faudra plusieurs réseaux de diffusion pour toucher l'ensemble de la population. S'il est important de sélectionner avec soin les réseaux de diffusion, il est encore plus essentiel de consacrer du temps et de l'énergie à l'élaboration du contenu qui sera diffusé au travers des réseaux retenus – c'est le contenu qui est la clé du changement de comportement. Cette ressource de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) propose un cadre pour diffuser des communications efficaces.
L'une des principales décisions que les organisations doivent prendre actuellement concerne le fait d'utiliser un canal de communication en personne ou des réseaux de diffusion à distance. Pour vous aider à décider, réfléchissez aux points suivants :
Quels aspects du comportement voulez-vous voir changer ? - Avant de choisir vos réseaux de diffusion, prenez le temps de comprendre les comportements actuels et les obstacles à l'adoption de mesures préventives. Élaborez une "théorie du changement" qui met en évidence les aspects spécifiques du comportement que votre programme espère modifier, et comment vous allez procéder. En définissant ceci clairement, votre organisation sera en mesure de déterminer s'il convient de réaliser votre programme en présentiel ou à distance. Il faut toutefois également tenir compte des règles locales concernant les rassemblements, la distanciation physique et les mesures de confinement dans le cadre de la lutte contre la COVID-19.
Quelles populations allez-vous cibler et quels sont leurs besoins et leurs préférences en matière de diffusion de l'information – Définissez qui sont vos participants cibles et où ils vivent. Si vous ciblez une population ou une zone étendue, les visites dans les foyers risquent de ne pas être réalisables. N'oubliez pas de prendre en compte les préférences de communication de votre population. Par exemple, dans certains endroits, la population ne voudra pas que le personnel de l'organisation vienne dans les foyers pendant la pandémie, tandis qu'ailleurs, ces visites peuvent être nécessaires pour établir la confiance.
Tenez compte de la langue, du niveau d'alphabétisation et soyez inclusifs – Si la population de votre pays parle différentes langues, certains modes de mise en œuvre des programmes risquent d'être compliqués, longs et coûteux. De même, certaines approches de communication peuvent être exclues si une large proportion de votre population a un niveau limité d'alphabétisation. Dans ce cas, vous devrez envisager d'utiliser surtout des images et des textes simples dans votre communication. Pensez également à faire appel à des interprètes en langue des signes pour les personnes malentendantes. Il faut que vos messages soient inclusifs et s'adressent aussi aux personnes âgées ou en situation de handicap.
Accès à la technologie – Beaucoup de réseaux de diffusion à distance comptent sur le fait que les gens disposent d'appareils ou de moyens technologiques mobiles. Pourtant, certains foyers n'ont pas d'appareil mobile, d'ordinateur, de télévision ou de radio, ou, s'ils existent, les outils technologiques ne sont pas équitablement accessibles à chaque membre du foyer. Déterminez si vous pouvez toucher équitablement toute votre population cible à l'aide du réseau de diffusion prévu ; si ce n'est pas le cas, réfléchissez aux moyens à utiliser pour atteindre ceux qui en sont exclus.
Coût – Les réseaux de diffusion qui reposent sur la technologie sont généralement moins chers que les autres pour atteindre le même nombre de personnes. Pour calculer le coût d'un programme de visites à domicile, il faudra prendre en considération le coût des déplacements, de la formation et le temps passé à se rendre dans chaque foyer. Toutefois, nous expliquons ci-dessous pourquoi les réseaux de diffusion à distance sont souvent moins efficaces que les interactions en personne.
On distingue trois types de réseaux de diffusion qui peuvent être utilisés pour la communication : les médias, la communication numérique et la communication interpersonnelle. Dans ces principaux types de réseaux de diffusion, l'information peut être transmise de multiples façons. Les campagnes des médias s'appuient sur des supports comme la radio ou la télévision pour atteindre un grand nombre de personnes pendant une courte période de temps. Les communications numériques utilisent des moyens électroniques pour diffuser des informations sur des plateformes telles que les médias sociaux, les groupes de discussion et les messageries par téléphone. La communication interpersonnelle peut prendre la forme de visites dans les foyers et aura probablement une portée bien moindre que les autres types de réseaux de diffusion.
Si vous utilisez les médias ou d'autres formats technologiques, réfléchissez aux points suivants et à leur possible influence sur l'efficacité de votre programme :
Il est plus difficile d'attirer l'attention des personnes – Les formes de communication impersonnelle telles que la télévision, la radio ou les médias sociaux ne permettent pas de retenir pleinement l'attention du public comme les interactions en personne. Pour surmonter cet obstacle, efforcez-vous de créer un contenu que l'on remarque et qui surprend. Multipliez les occasions d'exposition en répétant les messages aussi souvent que possible à différents moments de la journée.
Les gens auront peut-être plus de difficultés à se remémorer les messages aux moments critiques – Si vous travaillez avec les médias, sachez qu'il y a normalement un intervalle entre le moment où les gens sont exposés au message et celui où ils ont l'occasion de mettre en pratique leur comportement de prévention. Ils risquent d'oublier ces comportements pendant cet intervalle de temps. Pour surmonter cet obstacle, diffusez des messages simples et répétez-les souvent.
Les messages généraux sont moins convaincants – L'utilisation des médias vous amènera souvent à diffuser des messages à l'intention d'une région ou d'une nation entière de façon standardisée. Les messages standardisés peuvent être considérés comme moins intéressants et convaincants car ils peuvent sembler moins appropriés aux circonstances ou au contexte d'une personne en particulier. Pour surmonter cet obstacle, racontez des histoires individuelles et préparez des contenus à la fois attrayants et concrets. Enfin, inspirez-vous des expériences précédentes ou des recherches formatives de votre région pour adapter les messages au contexte.
Afin de surmonter certains des obstacles évoqués ci-dessus, il convient de toujours utiliser plusieurs réseaux de diffusion. Par exemple aux Philippines, le ministère de la Santé a imaginé une campagne multimédia de changement de comportement qu'il a appelée BIDA Solusyon (Vous êtes la solution) composée d'annonces à la radio, de publicités télévisées et de messages pour les médias sociaux sur Facebook. En associant ces trois médias, le ministère multiplie les chances de toucher davantage de personnes.
Source : Page Facebook BIDA Solusyon
Le tableau qui suit présente les avantages et les limites des différents types de réseaux de diffusion qui peuvent servir à atteindre la population au niveau des communautés. Chaque canal de diffusion sera ensuite examiné en détail dans les paragraphes suivants.
Que faut-il prendre en compte lors de l'utilisation des médias pour communiquer sur la COVID-19 ?
La radio comme réseau de diffusion :
On peut utiliser la radio pour communiquer de diverses manières, par exemple par des drames radiophoniques, des messages d'intérêt public, des groupes de discussions, des débats avec les auditeurs, des concours, des bulletins d'actualités, des reportages ou des récits. La radio est d'ordinaire beaucoup plus économique que les autres médias (par ex. que la télévision) et souvent plus largement accessibles dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. La radio présente d'autres avantages : elle permet des interactions dans les deux sens (par exemple avec les personnes qui appellent pour exprimer leurs opinions), elle est souvent considérée comme une source d'information légitime, elle permet la standardisation des messages (par exemple, le contenu enregistré peut être diffusé plusieurs fois sans compromettre la qualité de la diffusion) et elle peut être utilisée pour atteindre des populations isolées. Dans certains cas, les messages clés sont diffusés au sein des communautés par des haut-parleurs installés sur des tuk tuks ou d'autres véhicules pour atteindre les populations qui ne recevraient pas d'informations importantes autrement. Comme les contenus radiophoniques sont généralement diffusés dans une vaste région ou tout le pays, la possibilité d'adapter les contenus à des publics ou des contextes particuliers est limitée. Dans la plupart des pays, il existe une multitude de stations de radio de popularité variable, ce qui signifie que votre organisation devra sans doute collaborer avec plusieurs d'entre elles pour avoir une portée suffisante.
Voici quelques conseils et réflexions pour utiliser la radio comme réseau de diffusion :
Cartographie des stations – Avant de commencer à travailler avec les radios, prenez le temps de connaître les stations préférées dans le pays ou la région qui vous intéresse afin d'obtenir une couverture maximale. Demandez quelles stations sont les plus écoutées (dans certains cas, cette information est publique), les moments de la journée où les gens écoutent, et les personnalités de la radio préférées des auditeurs.
Efforcez-vous de rassembler un éventail de "voix" – Pour réfuter les fausses informations et amener la population à adhérer aux comportements de prévention de la COVID-19, nous devons nous appuyer sur un éventail de personnalités influentes. Ce peut être des experts de la santé publique, des dirigeants du gouvernement, des dirigeants locaux, des personnes qui ont eu la COVID-19 et peuvent témoigner de leur expérience directe ou des personnes qui ont adopté les mesures préventives en dépit des difficultés du contexte. Par exemple, au Nigeria, des messages de prévention de la COVID-19 ont été enregistrés par des chefs religieux de différentes régions et en Zambie, WaterAid a créé une émission radiophonique interactive où les gens pouvaient entendre un militant communautaire et une infirmière communautaire expliquer comment ils travaillent pour promouvoir une bonne hygiène dans le cadre de la prévention de la COVID-19. Pensez aussi à intégrer les personnes en situation de handicap ou appartenant à des groupes marginalisés pour comprendre comment elles sont affectées par la COVID-19 et leur perception du virus.
Pensez à des moyens d'impliquer les auditeurs et de rendre la radio plus participative – La radio n'est pas nécessairement un mode de partage de l'information à sens unique. Efforcez-vous de combiner les différents formats présentés ci-dessus pour rendre les contenus intéressants et dynamiques. Les émissions où les auditeurs peuvent intervenir par téléphone peuvent être particulièrement mobilisatrices, mais dans ce cas, il est important qu'elles fassent intervenir des personnes capables de répondre aux questions posées et de réfuter la désinformation. Au Rwanda, WaterAid a travaillé avec des écoliers sur des drames radiophoniques reflétant ce qu'ils vivent au plan local. Au Burkina Faso, Development Media International a élaboré des spots radio accrocheurs en menant préalablement des sondages auprès de la population locale.
Nouez des partenariats et développez les capacités des stations de radio locales – Vous devrez effectuer un travail initial de plaidoyer et de renforcement des capacités pour aider les stations de radio à comprendre leur rôle crucial dans la lutte contre la COVID-19. Par exemple, l'OMS a formé des animateurs de radio au Burkina Faso pour leur enseigner des méthodes de communication efficaces. Ce webinaire donne un aperçu du rôle crucial des médias pendant la pandémie, et BBC Media Action a produit ce guide pour rendre compte de la situation et utiliser les médias efficacement.
La télévision comme réseau de diffusion :
Comme la radio, la télévision peut être utilisée de multiples façons pour diffuser des contenus. Il peut s'agir de fictions télévisées, d'annonces d'intérêt public, de groupes de discussions, de bulletins d'actualités, de reportages et de publicités. La télévision est généralement considérée comme une source d'information légitime et ses contenus sont habituellement plus crédibles car ils associent des images vidéo et du son. Le mélange de l'audio et de la vidéo autorise davantage de créativité dans les émissions de télévision que dans les autres formats de médias et permet de diffuser des contenus plus longs dans la mesure où les gens regardent généralement la télévision pendant un certain temps. Mais la télévision présente aussi des inconvénients : elle limite les possibilités de dialogue communautaire (sauf par le biais d'interviews et d'événements préenregistrés), elle est coûteuse et elle a une portée limitée dans de nombreux pays, en particulier dans les contextes à faibles revenus. Comme la radio, la télévision offre des possibilités limitées d'adapter les contenus à des publics ou des contextes particuliers, l'accès à la télévision varie grandement en fonction du pays, de la géographie et de la prospérité ; et votre organisation devra peut-être collaborer avec plusieurs chaînes télévisées pour avoir une portée suffisante.
Voici quelques conseils et réflexions pour utiliser la télévision comme réseau de diffusion :
La télévision et la radio sont comparables par bien des aspects – il est conseillé d'effectuer une cartographie pour comprendre qui sont les publics et quelles sont leurs émissions de télévision préférées. Il est utile d'intégrer des contenus relatifs à la COVID-19 dans divers formats, qu'il s'agisse des actualités ou des fictions télévisées, des émissions de téléréalité ou des dessins animés pour le jeune public. La télévision permet de montrer aux téléspectateurs comment adopter des comportements de prévention de la COVID-19 dans des contextes similaires au leur. Par exemple en Zambie, John Snow Inc. a produit une mini-série décrivant avec réalisme comment des gens adoptent des comportements de prévention de la COVID-19 même dans un contexte peu propice. Au Nigeria, le gouvernement a très tôt décidé de diffuser les récits de personnes atteintes de la COVID-19 pour aider la population à prendre conscience de la réalité de la pandémie et à comprendre qu'elle peut toucher tous les Nigérians.
Que faut-il prendre en compte lors de l'utilisation de la communication numérique pour communiquer sur la COVID-19 ?
Les médias sociaux comme réseau de diffusion :
Les médias sociaux sont des plateformes basées sur internet ou sur des applications qui permettent à leurs utilisateurs de créer et partager des contenus, ce qui a mené au développement des réseaux sociaux. Facebook, Twitter, Instagram, YouTube, TikTok, Snapchat et LinkedIn sont, par exemple, des réseaux sociaux. L'utilisation des médias sociaux comme réseaux de diffusion présente plusieurs avantages : ils sont peu coûteux, ils permettent le dialogue (par exemple, par le biais de commentaires et de mentions J'aime), la participation est facile à suivre (notamment grâce à l'analyse des médias sociaux, des hashtags et du nombre de vues) et ils acceptent différents types de contenu (photos, articles, vidéos). Des études ont prouvé que des plateformes telles que YouTube ont un immense potentiel de toucher et de mobiliser la population autour des messages de prévention de la COVID-19. Les limites de l'utilisation des médias sociaux concernent la difficulté à réglementer ou à modérer les contenus, et le fait qu'ils ne touchent que certaines parties de la population (c'est-à-dire ceux qui ont accès à internet ou à un smartphone). Ce n'est donc pas toujours une bonne solution pour atteindre la population rurale, surtout dans les contextes à faibles revenus.
Voici quelques conseils et réflexions pour utiliser les médias sociaux comme réseau de diffusion :
Produisez des contenus qui peuvent être diffusés dans différents formats – Préparez des messages qui s'appuient sur des questions ou des sondages, des photos, des graphiques et des vidéos. Par exemple, l'Organisation panamericaine de la santé (OPS) a élaboré un grand nombre de fiches pour les médias sociaux avec des messages clairs et des graphiques sur un éventail de thèmes liés à la COVID-19.
Dédiez suffisamment de personnel aux initiatives dans les médias sociaux – Assurez-vous d'avoir suffisamment de personnel pour le travail sur les médias sociaux afin que votre organisation soit en mesure d'interagir efficacement avec votre public cible et de lui apporter des réponses. Ce point concerne aussi la modération et la suppression des contenus insultants ou inexacts.
Élaborez un plan pour mobiliser les gens par votre contenu – Les plateformes des médias sociaux permettent, à un coût relativement bas, de diffuser des publications payantes ou mises en avant. Cela peut être utile pour atteindre un vaste public. Il existe encore d'autres moyens d'attirer l'attention dans les médias sociaux. Par exemple, WaterAid Eswatini a engagé une troupe locale de comédiens pour communiquer des messages de prévention de la COVID-19. L'élément humoristique de vidéos comme celle-ci a contribué à attirer davantage de personnes vers les contenus traitant de la COVID-19.
Différenciez vos publications des messages de désinformation – Nombre de rumeurs et de fausses informations ont souvent leur origine dans les médias sociaux. Il est important de réfléchir à la manière dont votre contenu peut être perçu et de différencier activement vos messages des fausses informations partagées dans les médias sociaux. Pour cela, vous pouvez indiquer la source de vos informations, utiliser des couleurs ou des marques uniformes, inclure des points de vue et des opinions différentes, vérifier les faits, corriger les malentendus courants et dépeindre des situations reflétant la réalité locale. Une récente étude a également montré que si on rappelle aux gens de réfléchir de manière critique aux informations qu'ils reçoivent, ils auront plus de chances de distinguer les informations vraies des fausses.
Assurez-vous que le partage dans les médias sociaux soit participatif – Réfléchissez à la manière dont votre population pourrait créer et partager des contenus fondés sur ses expériences de la pandémie. Par exemple, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a lancé le #SafeHands Challenge dans les médias sociaux. Il s'agissait d'encourager les gens à se filmer en train de se laver les mains. De telles stratégies sont efficaces car elles contribuent à normaliser et à vanter les comportements de prévention. Le ministère de la Santé du Vietnam a créé une vidéo et une chanson sur la COVID-19 pour recommander les comportements d'hygiène appropriés et des contacts limités avec la foule. Cette chanson et son message ont été repris dans le populaire challenge de la danse du lavage des mains sur TikTok.
Les groupes de discussion en ligne comme réseau de diffusion :
Les groupes de discussion en ligne sont des plateformes sur lesquelles des groupes de personnes peuvent s'échanger des messages. WhatsApp, GroupMe et Facebook Messenger sont, par exemple, des groupes de discussion en ligne. Les groupes de discussion en ligne sont parfaits pour échanger des informations dans les deux sens, ils permettent de communiquer au sein d'un réseau social établi et bénéficient d'un niveau élevé de confiance chez les utilisateurs puisque les informations proviennent de gens qu'ils connaissent. Les groupes de discussion en ligne peuvent être utilisés par les responsables de projet et les professionnels de santé comme une plateforme permettant aux communautés de partager les bonnes pratiques et de se tenir au courant de l'évolution rapide des informations et des réglementations. Les inconvénients des groupes de discussion en ligne concernent la difficulté à réglementer et modérer les contenus, l'impossibilité de savoir comment les informations sont partagées, la difficulté de distinguer votre contenu des fausses informations et le fait que les groupes sont généralement fermés aux autres utilisateurs.
Voici quelques conseils et réflexions pour utiliser les groupes de discussion en ligne comme réseau de diffusion :
Préparez des contenus qui peuvent être diffusés dans une variété de formats : textes, photos, graphiques ou courtes vidéos.
Si vous créez un nouveau groupe de discussion en ligne, veillez à définir un objectif ou un but clair en fonction de a) qui peut faire partie du groupe, b) comment vous souhaitez que les gens utilisent le groupe (p. ex. pour poser des questions, partager des idées ou des expériences) et c) les types de contenus qui ne doivent pas être partagés.
Demandez-vous s'il est approprié de publier les liens vers les groupes de discussion ; en effet, cela risque d'exposer le groupe à des hackers qui pourraient publier des contenus insultants et de saper la légitimité et la confiance dans le groupe.
Réfléchissez soigneusement à la fréquence de vos publications dans le groupe. Si elles sont trop fréquentes, certaines personnes risquent de quitter le groupe.
Voici quelques renseignements pour envoyer des informations à plusieurs contacts avec WhatsApp. L'OMS a établi un partenariat avec WhatsApp pour communiquer des nouvelles et des informations sur la COVID-19 à grande échelle dans plusieurs langues ; les utilisateurs peuvent s'inscrire pour recevoir les messages. Facebook permet d'envoyer des messages privés et des réponses automatiques dans les pages Facebook. Au cours d'épidémies précédentes, notamment l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, la BBC a utilisé WhatsApp avec succès pour partager des informations.
La messagerie par téléphone comme réseau de distribution :
La messagerie par téléphone peut être utilisée de diverses façons pour diffuser des messages relatifs à la COVID-19 sur des téléphones mobiles. On peut envoyer des messages texte courts par SMS ou des messages texte avec des contenus multimédias par MMS. Le serveur vocal interactif (SVI) est une technologie qui permet aux utilisateurs d'interagir avec un système informatique par la voix ou le clavier, et de diffuser des messages vocaux sur des appareils mobiles sous forme d'appels. Les messages par téléphone peuvent être diffusés selon plusieurs modalités. Votre organisation pourrait conclure un partenariat avec un fournisseur de téléphonie mobile pour diffuser des messages en nombre, ou adopter une approche dirigée plutôt par l'organisation en envoyant des messages à une liste de contacts connus grâce à des programmes antérieurs. La messagerie par téléphone constitue un moyen relativement économique d'atteindre une foule de personnes, et permet assez facilement d'envoyer plusieurs messages pendant une période de temps, ce qui facilite un engagement répété. Toutefois, si les destinataires n'ont pas activement accepté de recevoir les messages, ou si ceux-ci sont trop fréquents, les personnes risquent rapidement de les trouver gênants ou inintéressants et de ne même pas les ouvrir. La plupart des messages diffusés par téléphone sont plutôt unidirectionnels, mais le SVI et d'autres techniques permettent une participation plus dynamique. L'utilisation de la messagerie par téléphone pose également des questions d'équité, puisque l'accès au téléphone varie selon la géographie, le genre et l'âge. Les messages texte sont probablement moins efficaces quand le niveau d'alphabétisation est faible, et il est difficile de transmettre des informations détaillées ou nuancées dans un message texte ou un message vocal court. Dans certains contextes à faibles revenus, il faut parfois payer pour recevoir des messages et dans ces cas, les personnes peuvent se montrer réticentes à le faire en raison des larges conséquences économiques de la COVID-19.
Voici quelques conseils et réflexions pour utiliser la messagerie par téléphone comme réseau de diffusion :
Déterminez quels formats sont les plus appropriés dans votre contexte – Votre décision doit prendre en compte certains éléments tels que le niveau d'alphabétisation, l'accès à la téléphonie mobile et le type de téléphone mobile que possèdent les gens en général (téléphone simple ou smartphone). Réfléchissez aussi à ce que vous voulez accomplir en diffusant des messages par téléphone. Le SVI permet davantage de créativité pour mobiliser les populations. Par exemple, au Cambodge, une campagne sur la COVID-19 s'est appuyée sur un SVI pour demander aux personnes comment elles se comporteraient dans différents scénarios ; et l'Inde a utilisé un SVI pour saisir et partager les expériences réelles des communautés.
Concevez des messages fondés sur une théorie comportementale – L'information seule suffit rarement à modifier un comportement. Lorsque vous préparez le contenu des messages par téléphone, efforcez-vous de les formuler selon une théorie comportementale. Par exemple, réfléchissez aux moyens de créer des messages par téléphone qui sont informatifs, mais qui font également allusion à des normes sociales, des aspirations, des obstacles courants, à la planification et à l'intention, et à la façon de gratifier ceux qui se comportent bien. Cette liste des principes clés du changement de comportement en relation avec la COVID-19 peut être utile pour élaborer des messages plus créatifs, et ce blog résume les principaux enseignements de l'expérience de l'équipe Behavioural Insights qui a utilisé des SMS pour atteindre le public au Royaume-Uni.
Veillez à ce que vos messages soient perçus comme légitimes – Certains travaux antérieurs sur la messagerie par téléphone laissent entendre que les messages seraient plus efficaces s'ils sont perçus comme émanant d'un personnage ou d'une personnalité plutôt que d'un vague service de messagerie. Par exemple, dans une étude menée au Bangladesh, des chercheurs ont utilisé le personnage d'un sympathique professionnel de santé pour encourager les comportements préventifs pendant une épidémie de choléra ; ils ont constaté que cette approche était bien acceptée et considérée comme crédible. En Inde, un message vocal enregistré par un lauréat du prix Nobel recommandait à la population de se faire soigner en cas d'apparition de symptômes de la COVID-19, une démarche qui s'est avérée plus persuasive que les directives gouvernementales classiques.
Adaptez et développez les messages au fil du temps – Mobilisez la population à l'aide de multiples messages émis peu à peu. Assurez-vous autant que possible de diffuser des messages répétitifs qui font écho aux principales inquiétudes à ce stade de la pandémie. Si vous avez la possibilité d'établir des interactions à double sens sur votre plateforme de messagerie, envisagez de personnaliser les messages ou de les adapter individuellement (ou à un groupe de personnes).
Inspirez-vous des formats existants – Un grand nombre d'organisations diffusent déjà des messages texte et vocaux de prévention de la COVID-19. Par exemple, l'OMS propose une bibliothèque de messages SMS qui peuvent être traduits et adaptés pour diffuser des SMS ou des messages vocaux. L'UNESCO a aussi produit une série d'enregistrements audio destinés à contrer la désinformation sur la COVID-19.
Que faut-il prendre en compte lors de l'utilisation de la communication interpersonnelle pour communiquer sur la COVID-19 ?
Les visites dans les foyers comme réseau de diffusion :
Pour utiliser les visites à domicile comme réseau de diffusion, il faut du personnel (p. ex. le personnel en première ligne de la promotion de l'hygiène) qui puisse aller de foyer en foyer pour communiquer des informations, discuter ou entreprendre des activités visant à changer le comportement. Vous devrez décider si cette méthode convient à votre contexte en fonction de l'ampleur de la transmission de la COVID-19 au niveau communautaire, des directives gouvernementales et de l'évaluation des risques pour votre organisation. Tout travail effectué en personne implique des niveaux de risque plus élevés que la communication par les médias ou d'autres moyens à distance. Si vous décidez d'entreprendre des visites dans les foyers, assurez-vous que des mesures de sécurité appropriées sont en place. En raison de l'évolution dynamique de la pandémie, même si les visites à domicile sont sans danger actuellement, cela peut changer par la suite et il est préférable d'utiliser parallèlement d'autres réseaux de diffusion.
L'avantage des visites à domicile est qu'elles peuvent être personnalisées dans chaque foyer et qu'elles sont souvent plus mobilisatrices. Elles facilitent un véritable dialogue plus que tout autre mode de communication et peuvent facilement être modifiées ou adaptées pour un coût minime. En général, les visites en personne permettent aux organisations d'aborder une plus grande variété de déterminants du comportement (vous pouvez, par exemple, aider les familles à modifier leur environnement physique pour faciliter certains comportements). L'efficacité et la qualité des interactions en personne dépendent fortement des capacités du personnel impliqué. Ainsi, la réussite d'un programme interpersonnel nécessite beaucoup de formation et un soutien permanent, ce qui peut prendre du temps. Pendant la pandémie, le travail en personne sera sans doute plus efficace et plus réalisable s'il est concentré sur certaines régions ou des populations à risque élevé ou particulièrement difficiles à atteindre, puisqu'il ne peut pas être effectué normalement au niveau national.
Voici quelques conseils et réflexions pour utiliser les visites dans les foyers comme réseau de diffusion :
Formez soigneusement les équipes de travail aux messages clés à diffuser et au plan d'activités. Vous pouvez par exemple produire un manuel d'instructions destiné aux équipes de promotion de l'hygiène.
Évitez les contenus centrés exclusivement sur l'éducation ou le partage d'informations.
Lancez d'abord les activités proposées sous forme de pilote avec un petit nombre de familles et demandez-leur leur opinion sur le processus et les moyens de l'améliorer. Améliorez les activités en conséquence.
Préparez une liste de questions-réponses courantes sur la COVID-19 à remettre aux personnels en première ligne afin qu'ils puissent répondre aux questions de la communauté avec des informations claires, factuelles et actualisées. Vous devrez peut-être revoir cette liste à la fin de chaque semaine.
Planifiez des réunions d'équipe pour permettre aux personnels d'échanger leurs expériences et d'apprendre réciproquement ce qui fonctionne ou non. Adaptez votre programmation en fonction.
Voyez si vous devez répéter les visites à domicile afin d'exercer davantage d'influence sur les comportements.
Les parties prenantes clés comme réseau de diffusion :
Les parties prenantes clés sont des personnes, des groupes ou des organisations au sein d'une communauté qui ont une certaine influence, participent habituellement à la diffusion des informations, ou qui sont en contact avec beaucoup d'autres personnes (p. ex. les chefs de village, les chefs religieux, les conducteurs de bus, les professionnels de santé, les instituteurs, les célébrités). Il est toujours important d'impliquer ces parties prenantes clés dans vos programmes, mais à l'heure actuelle, il serait possible aussi de les former à prendre un rôle de première ligne dans la prévention de la COVID-19. Les parties prenantes clés peuvent aussi contribuer au travail que vous effectuez par le biais d'autres réseaux de diffusion.
Les avantages de la collaboration avec des parties prenantes clés sont semblables à ceux du travail en personne en général : elle est personnalisable et mobilisatrice, elle permet un véritable dialogue et peut facilement être modifiée ou adaptée. Mais actuellement, le fait de travailler avec des parties prenantes clés pour les programmes de prévention présente d'autres avantages majeurs. En raison des limitations de déplacement actuelles, il est bien moins risqué de travailler avec des acteurs au sein de la communauté que de déplacer quotidiennement le personnel d'une organisation vers et depuis les communautés. L'engagement au niveau communautaire par l'entremise des parties prenantes clés peut aussi toucher des populations que d'autres réseaux de diffusion n'atteindraient pas. Par exemple, WaterAid Pakistan emploie des femmes de la communauté comme personnes-ressources pour visiter les foyers dans les communautés rurales afin de s'assurer que les informations parviennent aux femmes. Si elles sont bien choisies, les parties prenantes clés sont généralement des personnes connues et de confiance dans la communauté, qui ressemblent à la population cible et apparaissent ainsi plus légitimes et plus à même de parler de leur situation. C'est pourquoi l'implication de ces personnes peut s'avérer particulièrement utile pour établir de nouvelles normes sociales autour des comportements préventifs. Le travail avec des parties prenantes clés facilite aussi l'apprentissage réciproque et les efforts collaboratifs d'amélioration des programmes, ce qui contribue à renforcer les capacités et la résilience à long terme dans les communautés.
Il n'est pas toujours aisé de travailler avec des parties prenantes clés. Identifier les personnes appropriées pour diffuser votre message, mettre en place des partenariats et encourager ces personnes à se lancer dans des actions de prévention de la COVID-19 en sus de leurs autres priorités ou responsabilités est parfois difficile et demande beaucoup de temps. Il est compliqué aussi de contrôler la qualité de leur travail et de les soutenir à distance.
Voici quelques conseils et réflexions pour utiliser les parties prenantes clés comme réseau de diffusion :
Examinez le profil de la personne ou du groupe que vous impliquez et la manière dont ils sont perçus localement (le fait d'être un dirigeant du village ne signifie pas automatiquement qu'ils sont appréciés ou qu'on leur fait confiance).
Déterminez s'il y a lieu de prévoir une rémunération quand le travail demandé est important, mais faites attention à ne pas créer de précédent qui pourrait être difficile à suivre pour d'autres acteurs.
L'OMS a publié des recommandations sur la manière de travailler avec des chefs religieux et des communautés confessionnelles pour promouvoir les comportements de prévention de la COVID-19. Cet exemple de World Vision en Afghanistan illustre cette approche dans la pratique. Au Soudan, un réseau constitué de milliers de jeunes volontaires (qui travaillaient auparavant principalement dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive) a été mobilisé pour effectuer des visites à domicile sur le thème de la COVID-19. On voit aussi de nombreuses célébrités du monde entier s'engager dans des actions de prévention de la COVID-19. Par exemple, le gouvernement indien a demandé à un célèbre acteur de Bollywood de promouvoir ses messages, et le gouvernement tanzanien a fait appel à des représentants du gouvernement et des vedettes de la musique pour véhiculer des informations sur la COVID-19.
Notes de révision
Rédigé par : Anika Jain
Vérifié par : Katie Greenland, Lara Kontos et Kondwani Chidziwisano
Article mis à jour le : 23/09/20