L'Étape 3 de notre processus en trois étapes pour concevoir des programmes d'hygiène exige des organisations qu'elles réfléchissent à la manière dont elles vont réellement provoquer un changement de comportement (c'est-à-dire en identifiant les techniques de changement de comportement). Elles doivent également étudier comment toucher une population cible (c'est-à-dire en identifiant les réseaux de diffusion appropriés).
Les techniques de changement de comportement :
Les techniques de changement de comportement (BCT) sont les éléments actifs de votre projet. Avec les BCT, l'attention se concentre sur le contenu de ce qui se fait alors que la discussion sur les réseaux de diffusion porte sur la manière dont cela sera fait. Le modèle RANAS et le COM-B donnent des listes détaillées de BCT. En général, les acteurs chargés de la mise en œuvre s'efforcent de faire le lien entre les résultats de leur recherche formative et les BCT, puis de les développer en activités détaillées qui peuvent être mises en œuvre dans le cadre du programme. Les modèles suivants apportent des conseils supplémentaires sur la manière de faire cette transition : le processus RANAS, Wash’Em et la Conception de changement de comportement. Dans le diagramme ci-dessous, vous avez un exemple concret de la manière dont les résultats de la recherche formative sur le comportement de lavage des mains sont traduits en BCT. Les BCT sont alors utilisées pour développer les activités du projet.
Définir des réseaux de diffusion :
Travaillez avec les communautés pour déterminer tous les moyens de les atteindre et partagez les informations avec elles dès maintenant. Vous pouvez le faire par un simple exercice de brainstorming, comme dans l'image ci-dessous :
Source : Sian White / LSHTM
Pour une approche plus structurée, essayez d'utiliser l'outil Points de contact de Wash'Em. Un exemple est présenté dans la vidéo ci-dessous. Notez que cette vidéo a été prise avant la pandémie de COVID-19. Pour adapter cette méthode, vous pouvez essayer de mener des discussions de groupe en ligne. Vous pouvez aussi rassembler les gens à l'extérieur en vous assurant que la distanciation physique est maintenue et que les gens se lavent les mains avec du savon avant et après la session.
Source : Wash’Em
Une fois les réseaux de diffusion choisis, tenez compte de ce qui suit :
Sécurité : Vérifiez les directives nationales pour évaluer si votre personnel peut utiliser des réseaux de diffusion qui impliquent des interactions en personne. Dans la mesure du possible, veillez à inclure certains réseaux de diffusion sans contact ou avec peu de contact. Il peut s'agir par exemple de la radio, de la télévision, des médias sociaux, de documents imprimés ou d'annonces par haut-parleur. Réfléchissez à la manière d'adapter vos réseaux de diffusion aux différents stades de l'épidémie.
Portée : Quels sont les réseaux de diffusion disponibles pour la majorité des personnes au sein de votre population ? Si vous envisagez d'utiliser les moyens de communication de masse, vous tiendrez compte des stations que les gens écoutent et des heures auxquelles ils le font. Si vous travaillez dans un secteur où les gens ont accès aux réseaux sociaux et à l'internet, recherchez les sites Web et les sites de réseaux sociaux les plus utilisés et les plus fiables, et leur utilisation au niveau culturel.
Accessibilité : Si la portée globale est importante, il faut également tenir compte de des réseaux de diffusion qui conviennent le mieux aux différentes catégories de la population. Les femmes et les filles, les personnes âgées, les personnes handicapées, les personnes ayant des antécédents médicaux, les personnes vivant dans les zones rurales et d'autres groupes vulnérables sont tous susceptibles d'être difficilement accessibles par la plupart des réseaux de diffusion. Vous pouvez surmonter ces difficultés en faisant participer activement ces populations de manière à identifier leurs préférences et s'adapter à leurs besoins. Le présent document de l'UNICEF donne des conseils sur la manière d’intervenir avec les personnes handicapées et ce document de l'IFRC donne des conseils sur l'implication et la communication avec les personnes âgées.
Crédibilité et fiabilité : Quels sont les réseaux de communication ou les personnes qui inspirent confiance ou sont respectables ? La réponse avec les communautés peut remettre en question les hypothèses courantes en matière de fiabilité de l'information sanitaire. Par exemple, une étude récente parmi les réfugiés Rohingya vivant au Bangladesh a révélé que parmi les sources d'information fiables pendant les épidémies, il y avait des chefs de communauté formés, comme des imams et des chefs de groupe de femmes. Ces informations ont été préférées à celles des travailleurs de la santé et des travailleurs humanitaires. Ces derniers sont souvent considérés comme non fiables et sont parfois mal compris. Les réfugiés ont également fait confiance aux membres de la diaspora Rohingya plutôt qu'aux informations de santé publique partagées par les services d'information locaux. Les services d'information bangladais et birmans ont en effet été considérés comme stigmatisant les réfugiés, allant même jusqu'à justifier la violence à leur encontre. Pour plus d'informations sur la crédibilité des sources, voir cet article.
Influence et persuasion : Certains réseaux de diffusion ou sources d'information peuvent ne pas être considérés comme crédibles ou dignes de confiance, tout en étant cependant persuasifs ou influents. Beaucoup de gens savent par exemple qu'il faut remettre en question la crédibilité des informations qui passent sur les médias sociaux. Cependant, il existe encore un grand nombre de raisons pour lesquelles les gens peuvent trouver les messages des médias sociaux influents et persuasifs. Selon la conception, le contenu et le format des informations (par exemple, les photos et les vidéos peuvent être plus persuasives que le texte seul), elles peuvent être plus convaincantes. Il en est de même pour le message qui doit répondre à vos croyances et à vos valeurs et la personne qui partage l'information dans votre réseau social. Pour plus d'informations concernant la persuasion, voir ce document.
Évitez de vous fier à un seul réseau de diffusion. Les interventions qui utilisent une série de réseaux de diffusion pour impliquer et stimuler les populations sont généralement plus efficaces pour changer les comportements. Voici quelques exemples expliquant l'intérêt d'utiliser différents réseaux de diffusion : Étude 1, Étude 2, Étude 3.
Vous souhaitez en savoir plus au sujet du processus pour concevoir des projets de changement de comportement efficaces permettant de lutter contre la COVID-19 ?
Notes de révision
Rédigé par : Sian White
Vérifié par : Peter Winch, Nadja Contzen, Dr Om Prasad Gautam,
Article mis à jour le : 10/06/2020