Qu'est-ce que la distanciation physique et quel est son rôle dans la prévention de la COVID-19 ?
La distanciation physique est le nom donné à un ensemble de comportements qui maintiennent un espace entre vous et les autres personnes qui vivent en dehors de votre foyer.
La COVID-19 se transmet principalement entre les personnes par des gouttelettes respiratoires lorsqu'une personne infectée tousse, éternue ou parle et par contact avec des surfaces, des objets et des mains contaminés. Une personne est infectée lorsque le virus de la COVID-19 pénètre dans l'organisme par la bouche, le nez ou les yeux.
On pense que le principal mode de transmission de la COVID-19 passe par les gouttelettes respiratoires, mais il peut aussi se transmettre par de plus petites particules en suspension dans l'air – dans les deux cas, le maintien d'une distance physique est l'un des principaux moyens de réduire la propagation du virus. Si les gens n'entrent pas en contact étroit avec des personnes extérieures à leur foyer, la probabilité d'inhaler ou d'entrer en contact avec des gouttelettes respiratoires infectieuses diminue. La distanciation physique doit toujours s'accompagner d'autres actions préventives comme le lavage des mains au savon, le nettoyage des surfaces et l'utilisation de masques.
Cet article du Washington Post donne un bon aperçu visuel de la façon dont la COVID-19 se transmet d'une personne à l'autre et comment différentes mesures de distanciation physique peuvent contribuer à réduire cette transmission. Les vidéos ci-dessous fournissent également des métaphores faciles à comprendre pour expliquer pourquoi le fait de garder une certaine distance peut empêcher la propagation de la COVID-19.
Des mesures de distanciation physique imposées par les gouvernements et acceptées par les populations peuvent avoir un impact considérable sur le nombre de nouveaux cas. Le diagramme ci-dessous montre combien il est important de réduire les interactions physiques.
Source : Gouvernement australien
Quelle est la différence entre "distanciation physique" et "distanciation sociale" ?
Au début de cette pandémie, les autorités de santé publique ont recommandé le maintien d'une distanciation sociale comme l'une des principales mesures préventives contre la propagation de la COVID-19. Avec l'augmentation exponentielle de l'ampleur de la pandémie, cette formulation a engendré une certaine confusion et les principaux experts (dont l'OMS) ont préféré utiliser le terme de distanciation physique plutôt que distanciation sociale.
La principale raison de ce choix est de souligner le fait que le maintien d'une distanciation physique entre les personnes pour prévenir la propagation de la maladie ne signifie pas que nous devons nous couper socialement de nos proches, de notre famille et de nos amis. Nous avons encore besoin de nous sentir liés les uns aux autres, surtout en ces temps difficiles, car les effets psychologiques de la séparation peuvent être considérables.
Nous vous recommandons d'utiliser le terme "distanciation physique" lorsque vous travaillez avec des communautés et de leur rappeler la nécessité de maintenir les liens par d'autres moyens.
Quelle est la différence entre "distanciation physique" et d'autres termes comme "confinement", "auto-isolement", "quarantaine" ou "protection des personnes vulnérables" ?
Les gouvernements de certains pays emploient parfois d'autres termes pour parler de la distanciation physique et de la réduction de la transmission de la COVID-19. Il n'existe pas de définition standard pour ces termes, car les mesures réglementaires sont habituellement définies différemment par chaque gouvernement national. Par conséquent, si vous n'êtes pas sûr que ces termes soient pertinents dans votre contexte, consultez les directives nationales. Nous donnons ci-dessous des explications générales sur la signification de chaque terme.
Confinement : Le confinement correspond à des restrictions imposées par le gouvernement en vue de limiter les mouvements de population et ainsi de réduire la propagation de la COVID-19. Les restrictions en matière de confinement varient dans chaque pays, mais peuvent inclure certaines des limitations suivantes :
Exiger que les personnes restent chez elles et travaillent à domicile si possible, en limitant les déplacements aux besoins essentiels (par exemple, les courses à l'épicerie ou les rendez-vous médicaux).
Limiter le temps qu'une personne peut passer hors de son domicile chaque jour (y compris pour faire de l'exercice) et la région géographique dans laquelle elle peut voyager.
Arrêter ou limiter les déplacements en train, en avion et par d'autres moyens de transport public.
Fermer les restaurants, les magasins non essentiels, les lieux de divertissement et de sport et interdire les rassemblements religieux.
Fermer les écoles et les établissements éducatifs.
Limiter le nombre de personnes qui peuvent se rassembler dans un même lieu.
Surveiller la circulation des personnes.
Ces mesures peuvent avoir de sérieuses conséquences sociales et économiques pour les populations et doivent être soigneusement évaluées avant d'être mises en place. De telles conséquences peuvent affecter de manière disproportionnée les habitants des pays à revenu faible ou intermédiaire ; en effet, dans ces régions du monde, un quart de la population vit avec moins de 3 dollars par jour et ces personnes ont moins de chances de bénéficier de filets de sécurité sociale ou financière.
Auto-isolement : Cela s'applique aux ménages dont un ou plusieurs membres ont présenté des symptômes de la COVID-19 ou ont été positifs à un test de dépistage de la COVID-19. Les mesures d'auto-isolement exigent que l'individu et tous les membres du foyer restent à la maison pendant 14 jours. Si les symptômes s'aggravent, il convient d'appeler les services de santé qui détermineront si cette personne doit être hospitalisée. La durée de 14 jours repose sur des estimations prudentes de la période d'incubation de la COVID-19 (c'est-à-dire le temps qu'il faut à une personne contaminée pour présenter des symptômes) mais les durées d'auto-isolement varient selon les pays. La durée de l'auto-isolement est prolongée si d'autres membres du foyer développent également des symptômes. Les familles en auto-isolement ont besoin de l'aide des autres membres de leur communauté pour faire leurs courses ou acheter d'autres articles urgents, car elles ne doivent pas quitter la maison. Dans de nombreux pays, des groupes communautaires de bénévoles ou des programmes gouvernementaux ont été mis en place pour répondre à ce besoin. Le terme d'auto-isolement est aussi utilisé parfois pour décrire la situation de personnes qui restent chez elles pour se protéger ou protéger un membre vulnérable de leur foyer. Ces personnes choisissent de s'isoler chez elles pendant la durée de l'épidémie, mais il s'agit en principe d'une décision volontaire.
Quarantaine : En général, la quarantaine s'applique à toute personne qui a traversé des pays ou des frontières intérieures pendant la période de la pandémie de COVID-19. Par mesure de précaution, les gouvernements peuvent demander à ces personnes de s'isoler pour une durée maximale de 14 jours en leur demandant de rester chez elles ou à l'hôtel. La quarantaine s'applique normalement à tous les arrivants, qu'ils présentent ou non des symptômes. Il s'agit d'une mesure destinée à protéger le public, au cas où un voyageur aurait été infecté avant ou pendant son voyage. La durée de la quarantaine peut être prolongée si la personne présente des symptômes ou si elle est testée positive à un test de la COVID-19. Les personnes en quarantaine ont besoin du soutien d'autres membres de leur communauté pour faire des courses ou se procurer d'autres articles urgents, car elles ne doivent pas quitter leur domicile. Dans de nombreux pays, des groupes communautaires de bénévoles ou des programmes gouvernementaux ont été mis en place pour répondre à ce besoin.
Protection des personnes vulnérables : Les mesures de protection des personnes vulnérables visent à limiter les contacts entre les personnes à risque élevé et celles qui sont moins vulnérables. Les personnes les plus exposées au risque de développer une maladie grave si elles attrapent un coronavirus sont les personnes âgées ou souffrant de problèmes de santé préalables. La protection des personnes vulnérables vise à réduire le nombre de cas graves de COVID-19 afin de réduire la pression sur le système de santé publique. Dans ce cadre, les personnes à haut risque résident dans des "zones vertes", soit en s'isolant chez elles soit en rejoignant des centres d'isolement établis au niveau communautaire pour ces personnes vulnérables. Les mesures de protection des personnes vulnérables sont souvent envisagées dans les contextes où d'autres mesures de distanciation physique s'avèrent difficiles à appliquer, comme les camps ou les zones d'habitat informel. Elle est également envisagée dans certains pays à revenu faible et intermédiaire, car d'autres mesures de distanciation physique auraient des effets trop graves sur la vie sociale et économique des populations. Ce document présente trois options pour mettre en place des mesures de protection des personnes vulnérables dans des environnements à revenu faible et intermédiaire. Cette approche est aussi expliquée dans ce webinaire. Les mesures de protection des personnes vulnérables rencontrent facilement des résistances de la part des communautés. Il est donc essentiel d'expliquer en quoi consistent les différentes options de protection des personnes vulnérables, et de permettre aux communautés de choisir celles qui conviennent le mieux à leur contexte. La participation de la communauté tout au long du processus est cruciale.
L'utilisation de l'une des approches ci-dessus dans les pays à revenu faible et intermédiaire est une décision qui doit être prise par les gouvernements nationaux et régionaux en fonction des données épidémiologiques, de l'économie locale et des filets de sécurité sociale, et qu'il convient de mettre en œuvre de manière souple et progressive.
Pourquoi pourrait-il être difficile d'encourager les comportements de distanciation physique dans les pays à revenu faible et intermédiaire ?
Avant la pandémie de COVID-19, les comportements de distanciation physique n'étaient habituels dans aucune culture ni aucun pays. L'humain est un être social – habitué à être en contact direct avec d'autres personnes dans les transports publics, au marché, dans la rue, au travail ou avec ses amis et ses proches. Par conséquent, l'adoption de mesures de distanciation physique constituera un défi important pour nous tous.
Cependant, le défi risque d'être encore plus grand dans les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI). En effet :
Les habitants des PRFI sont plus susceptibles de vivre dans des environnements qui rendent la distanciation physique difficile. Par exemple, ces populations sont davantage susceptibles de vivre dans des foyers composés de nombreuses personnes (augmentant la difficulté de limiter la transmission si une personne est touchée par la COVID-19) et dans des familles intergénérationnelles (dans certains pays, cela peut créer un risque plus important pour les personnes vulnérables – mais pas dans tous les cas). Une proportion plus importante de la population vit dans des habitations informelles en zone urbaine ou dans des camps, s'agissant des populations déplacées. Ces environnements densément peuplés ont souvent aussi un accès limité à l'eau, à l'assainissement et à l'hygiène ainsi qu'aux soins, et sont confrontés à d'autres problèmes de santé chroniques. Tout cela réuni, cela signifie que les populations vivant dans ces contextes sont plus vulnérables à la contamination et peuvent subir des conséquences plus graves en raison d'un accès réduit au traitement.
Les habitants des PRFI risquent d'être davantage affectés par les effets secondaires des mesures de distanciation physique. La fermeture des lieux de travail, des écoles et d'autres services a eu des répercussions considérables sur l'économie mondiale. Les habitants des PRFI dépendent souvent de sources informelles de revenus quotidiens et sont donc plus susceptibles de subir des pertes de revenus en ce moment. Enfin, peu de mécanismes officiels sont en place pour aider les personnes en cas de perturbation des marchés locaux et des chaînes d'approvisionnement ou de désorganisation des principaux services de santé.
Quels comportements spécifiques devrions-nous promouvoir en ce qui concerne la distanciation physique ?
La première source pour obtenir des directives en matière de distanciation physique devrait être les directives des gouvernements nationaux, car chaque pays a adopté des mesures légèrement différentes adaptées à son contexte. Voici quelques mesures qui ont été largement adoptées. Nous définissons chaque mesure et expliquons pourquoi il existe des différences dans les recommandations entre certains pays.
Respecter une "distance de sécurité" : Cette directive signifie normalement que si vous quittez votre domicile, vous devez rester à une distance sûre de toutes les personnes qui vivent en dehors de votre foyer. L'OMS recommande actuellement une distance minimale d'un mètre, alors que les CDC préconisent deux mètres. Les variations dans les directives mondiales et nationales reflètent le fait que notre compréhension du SRAS-CoV-2 est toujours en évolution et qu'une grande partie des données qui sous-tendent ces recommandations est liée à d'autres pathogènes similaires. Une étude systématique récente a indiqué que le fait de rester à un mètre l'un de l'autre réduisait le risque de transmission de 82 %. Cependant, certaines données suggèrent que les recommandations doivent être contextualisées car dans certaines conditions (comme crier, tousser ou faire de l'exercice), le SRAS-CoV-2 peut se déplacer de plus de deux mètres. Il est de la responsabilité des gouvernements, des organisations et des entreprises d'essayer de faciliter la distanciation physique dans les lieux publics en adaptant les environnements physiques et en plaçant des repères visuels pour délimiter les recommandations de distanciation.
Source : Mesures de distanciation physique mises en place sur un marché en Somalie pour aider les gens à respecter à une "distance de sécurité".
Éviter les rassemblements : L'OMS a publié une directive générale pour les rassemblements de masse. La plupart des pays ont fixé des limites au nombre de personnes autorisées à se réunir en un même lieu. Parfois, les lignes directrices sont différentes selon le contexte. Par exemple, dans de nombreuses régions, certains rassemblements en plein air sont autorisés alors que les rassemblements en salle sont limités ou ne sont pas autorisés du tout. Les espaces extérieurs comme les parcs présentent un risque moindre de transmission de la COVID-19 parce que les gens peuvent maintenir une distance de sécurité entre eux, qu'il y a moins de surfaces fréquemment touchées et beaucoup de circulation d'air qui permet au virus de se dissiper. La plupart des gouvernements édictent également des conseils pour les événements spéciaux tels que les concerts, les manifestations sportives, les rassemblements religieux ou les occasions particulières, notamment les mariages et les enterrements. Dans la plupart des cas, ce genre d'événements est interrompu ou autorisé à se poursuivre avec des indications claires sur la manière de l'adapter pour préserver la sécurité des participants.
Source : Matériels de communication élaborés par Stay Safe Africa pour encourager des pratiques religieuses adaptées pendant le ramadan.
Éviter les déplacements non indispensables : Selon l'OMS, il est permis de franchir les frontières nationales et internationales dans la plupart des pays. Toutefois, de nombreux pays ont décidé de suspendre tous les vols ou de réduire considérablement les itinéraires de vol pour ne permettre que les déplacements essentiels. Cette carte fournit des informations actualisées sur les restrictions nationales applicables aux vols. Il convient d'éviter les déplacements non indispensables au niveau local aussi. Cette mesure peut également consister à encourager les gens à se rendre dans les magasins ou au marché moins souvent et à acheter les produits localement lorsque c'est possible. Cela peut également mener à la fermeture des services non essentiels (par exemple, les magasins de vêtements, les restaurants ou les bars) afin de décourager les gens de s'y rendre en ce moment et réduire les services de transport public. Dans certains pays, les frontières régionales ont été fermées ou les gens ont été invités à éviter de se déplacer à plus de quelques kilomètres de leur domicile. L'application de ces directives dépend fortement du contexte et se présente souvent comme un compromis entre ce qu'il convient de faire pour réduire la transmission et les coûts socioéconomiques à plus long terme.
Rester chez soi en cas de symptômes de la COVID-19 : Si une personne présente des symptômes de la COVID-19, elle doit rester chez elle ainsi que tous les membres de son foyer. Si les symptômes restent légers, tous les membres du foyer doivent rester au domicile pendant une période de 14 jours. Si un membre du foyer présente des symptômes graves, il convient de faire appel à un professionnel de santé (de préférence en appelant le numéro vert dédié à la COVID-19 s'il existe). Ce dossier technique de l'OMS fournit des conseils détaillés pour soigner en toute sécurité les personnes souffrant de symptômes légers à domicile. De nombreux gouvernements nationaux ont également élaboré des conseils adaptés au contexte à ce sujet. Ce document décrit les adaptations à envisager pour la fourniture de soins à domicile dans les pays à revenu faible et intermédiaire.
Éviter les salutations physiques : Tout contact physique avec des personnes extérieures au foyer doit être évité. Il faut notamment s'abstenir de se serrer la main, de s'étreindre ou de s'embrasser. De nombreux pays ont commencé à promouvoir des formes de salutation alternatives, telles que la salutation "Namaste", souvent utilisée en Asie du Sud.
Source : Formes alternatives de salutation illustrées par Toby Morris
Travailler chez soi si possible : Dans beaucoup de pays, les gens ont été invités à travailler depuis la maison dans la mesure du possible, mais pour la majorité de la population des pays à revenu faible ou intermédiaire (PRFI), cette solution présente des difficultés. Cette recommandation est difficile à appliquer dans les pays à revenu faible et intermédiaire parce que de nombreuses familles ne disposent pas de suffisamment de matériel informatique et d'accès à internet pour pouvoir travailler à domicile, et que les espaces d'habitation sont en moyenne plus petits. Même dans les pays à revenu élevé, les familles ont du mal à assumer leurs responsabilités professionnelles, car elles doivent souvent s'occuper de leurs enfants et faire face à d'autres pressions sociales et économiques. Il est prouvé que le stress supplémentaire associé au travail à domicile a des effets néfastes sur la santé mentale. Bien que peu de pays parmi les PRFI imposent le travail à domicile, certains ont encouragé les employeurs à faire preuve de souplesse en cette période afin que les employés puissent adapter leurs conditions de travail à leur situation présente. Cependant, pour ceux qui dépendent des revenus quotidiens pour leur survie et qui travaillent dans des professions manuelles ou dans le secteur informel, le travail à domicile n'est certainement pas une option viable. Il faut par contre aider les personnes à maintenir la distanciation physique, à utiliser des masques en toute sécurité et à se laver fréquemment les mains. Pour ce faire, les employeurs devraient être incités à adapter les environnements de travail afin de les rendre plus sûrs et de faciliter ces comportements. Il peut s'agir d'installer des stations de lavage des mains à l'intérieur des bâtiments et aux entrées/sorties, de fournir des masques faciaux au personnel et d'adapter les heures ou les espaces de travail de manière à ce que moins de personnes aient besoin de se trouver au même endroit au même moment.
Fermeture des écoles : Même si les enfants courent moins de risques que les adultes de contracter la COVID-19 et sont moins susceptibles de développer une maladie grave, ils restent sensibles à l'infection et sont des transmetteurs potentiels du virus. C'est pourquoi de nombreux pays ont décidé de fermer les écoles ou d'adapter la façon dont elles sont organisées pour permettre le respect de la distanciation physique. Mais la fermeture des écoles peut être préjudiciable à l'éducation des enfants et avoir des effets sociaux et économiques sur les familles de ces enfants. Lorsque les écoles commencent à rouvrir, il peut être nécessaire de mettre en place une série de mesures de distanciation physique. Celles-ci sont détaillées dans cette ressource.
Protéger les personnes vulnérables : Dans certains pays, on parle de "protection des personnes vulnérables", d'"auto-isolement" ou de "cocooning". En gros, cela signifie que les personnes les plus vulnérables aux formes graves (les personnes âgées ou ayant des problèmes de santé préexistants) choisissent de rester à la maison avec un minimum d'interactions avec d'autres personnes à l'intérieur et à l'extérieur de leur foyer. En général, la famille, la communauté ou les services d'aide sociale aident ces personnes à rester chez elles en leur livrant de la nourriture et des médicaments. Ces principes sont probablement plus difficiles à appliquer dans le contexte des PRFI. Cette ressource propose une série d'options à envisager par les communautés ou les gouvernements dans les contextes des PRFI. La mise en place de mesures de protection des personnes vulnérables ou de zones vertes de protection pose toute une série de problèmes pratiques. Il est notamment important de présenter ces mesures d'une manière acceptable dans le contexte local.
N'oubliez pas que la distanciation physique doit toujours s'accompagner d'autres comportements comme le lavage des mains au savon et l'utilisation de masques.
Les différents types de mesures de distanciation physique décrits ci-dessus sont généralement introduits et supprimés progressivement. Dans ce document, l'OMS donne des détails supplémentaires sur les mesures de distanciation physique et la manière de les appliquer de façon acceptable. Il définit également des critères pour aider les pays et les régions à décider à quel moment introduire ou supprimer des mesures de distanciation physique. Il s'agit notamment de les mettre en place en fonction du niveau local de transmission de la maladie et de peser les avantages et les risques des mesures de santé publique et des mesures sociales.
Dans la présente ressource, nous avons présenté des définitions générales des comportements de distanciation physique. Si votre organisation travaille sur la distanciation physique, vous devez définir clairement chacun des comportements cibles en fonction des directives nationales et du contexte local afin que les populations puissent facilement appliquer les recommandations. Suivez le processus décrit dans cette ressource pour plus de conseils à ce sujet.
Quelles actions concrètes peuvent contribuer à promouvoir la distanciation physique dans les pays à revenu faible et intermédiaire ?
Dans cette section, nous résumons quelques principes généraux sur le changement de comportement qui peuvent être utiles pour promouvoir et communiquer sur la distanciation physique dans les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI). Bon nombre des exemples décrits dans cette section proviennent d'un atelier de travail organisé par The Curve sur le thème de la distanciation physique dans les PRFI. Comme la distanciation physique est un nouveau comportement, aucune de ces idées n'a encore été évaluée, mais elles se fondent sur la théorie comportementale et les innovations au niveau communautaire. Afin de choisir les mesures les plus pertinentes dans les environnements où vous travaillez, nous vous recommandons d'évaluer le comportement actuel de votre population cible afin d'identifier les principaux obstacles et les facteurs déterminants de la distanciation physique, puis d'examiner cette liste et de voir comment agir pour éliminer certains de ces obstacles.
Principes généraux de changement de comportement en vue de promouvoir et de communiquer sur la distanciation physique :
Communiquer sur la transmission : Fournir des informations simplifiées sur la façon dont la COVID-19 se transmet d'une personne à l'autre et comment la distanciation physique interrompt la transmission en réduisant les interactions entre les personnes. Si les gens ne comprennent pas la transmission, la distanciation physique et les conséquences sociales associées n'auront aucun sens pour eux. Des supports visuels, tels que de vidéos ou des images simples, peuvent aider à communiquer la façon dont le virus se propage. Efforcez-vous de les adapter à votre contexte afin qu'ils représentent des personnes qui ressemblent à votre population. La vidéo suivante de Development Media International est un bon exemple de ce type de communication au Burkina Faso.
Le gouvernement mexicain a lancé une campagne sur les réseaux sociaux en utilisant un super-héros de dessin animé pour expliquer et encourager la distanciation physique d'une manière facile à comprendre pour les enfants.
Définir précisément et clairement les actions que vous voulez que les gens entreprennent : Les communications sur la distanciation physique doivent inclure des informations sur les personnes qui doivent respecter la distanciation physique (population cible), les moments où elle doit être appliquée (contexte) et comment la maintenir (comportement défini). Cette ressource peut aider à déterminer le comportement, la population et le contexte à cibler. On peut par exemple diffuser des messages précis et clairs pour favoriser la distanciation physique en incitant la population à éviter tout rassemblement de masse, à se limiter aux déplacements indispensables et à garder une distance d'au moins 2 mètres entre les personnes. Ces messages doivent également être contextualisés de manière à ce que les gens puissent les appliquer facilement. Ce site internet fournit quelques exemples créatifs qui montrent comment des pays dans différentes parties du monde ont aidé les gens à comprendre ce que signifie réellement la distance de 2 mètres.
Source : Messages sur la distanciation physique de WaterAid India.
Modifier l'environnement physique pour rappeler le comportement à suivre : Selon le contexte, les personnes peuvent oublier d'appliquer les conseils aux moments appropriés dans leur vie quotidienne. Il faut leur fournir des rappels en temps opportun pour les inciter à suivre les directives dans les moments et les lieux critiques. Par exemple, vous pouvez rendre la distanciation intuitive en espaçant les sièges dans les centres de santé, en encourageant les gens à placer des jerrycans dans une file d'attente pour l'eau (plutôt de faire la queue eux-mêmes) et en plaçant des repères sur le sol pour marquer la distance à l'entrée ou à l'intérieur des petits magasins.
Source : Un hôpital en Inde a adapté la salle d'attente de sorte à respecter la distanciation physique.
Source : Un banc à Singapour a été divisé en deux et marqué de façon à encourager la distanciation physique.
Source : Une militante de Water4 WaSH forme les membres de la communauté à respecter la distanciation physique aux points d'eau. Elle utilise des indicateurs visuels simples (dans ce cas, des lignes tracées dans la terre) pour indiquer où les gens doivent placer leurs jerrycans et leur explique qu'ils peuvent ainsi maintenir une distance de sécurité sans perdre leur tour dans la file d'attente.
Adapter les messages à votre contexte en insistant sur les situations dans lesquelles la distanciation physique est compliquée à respecter : Pour que vos messages sur la distanciation physique soient entendus par votre population cible, ils doivent coller à leurs réalités locales. Lorsque vous élaborez des supports de communication, pensez aux circonstances spécifiques de votre contexte dans lesquelles il sera difficile de maintenir une distance physique. Par exemple, au Pakistan, une publicité télévisée encourageait les Pakistanais à rester chez eux et à respecter la distanciation physique pendant l'Aïd.
De même, en Afrique du Sud, certains services religieux sont organisés dans les champs pour permettre la distanciation physique.
Source : Les fidèles de l'Église apostolique Sion Inhlanhla Yokuphila appliquent la distanciation physique pendant un service religieux dans un champ en Afrique du Sud.
Au Liban, des étudiants ont réalisé que beaucoup de personnes seraient malheureuses d'être séparées le jour de la fête des Mères ; ils ont mis en place un service de livraison de roses pour les mères par drone.
Source : Les mères libanaises reçoivent des roses livrées par un drone le jour de la fête des Mères.
En Égypte, lors de la réouverture des théâtres, des photos de célèbres acteurs égyptiens ont été placées sur les sièges afin d'ajouter une touche d'humour pour rendre la distanciation physique plus acceptable.
Source : Le théâtre El Sawy Culture Wheel Theatre a placé des photos d’Égyptiens célèbres sur de nombreux sièges pour matérialiser la distanciation physique.
Ailleurs, les grands marchés ont été décentralisés en petits marchés de quartier, permettant aux habitants d'acheter des produits de base près de chez eux et ainsi d'éviter des déplacements inutiles et la foule. De même, dans les situations de crise, où les distributions de produits alimentaires et d'hygiène sont courantes, les organisations ont procédé à des ajustements pour assurer une meilleure sécurité de ces opérations.
Motiver les gens à agir pour le bien des autres, et pas seulement pour eux-mêmes : De nombreuses mesures de prévention de la COVID-19, y compris la distanciation physique, nous obligent à faire des compromis importants dans notre vie quotidienne. En agissant ainsi, nous réduisons notre propre exposition à la COVID-19, mais, souvent, nous adhérons aux directives de distanciation physique dans le but de protéger les autres, en particulier ceux qui sont les plus vulnérables sur le plan médical. Le fait de relier la distanciation physique à cette idée altruiste d'agir dans l'intérêt général peut constituer un puissant facteur motivant. Par exemple, l'affiche ci-dessous vise à glorifier les activités banales de ceux qui sont restés à la maison au Royaume-Uni pour protéger la vie des autres.
Source : Affiche créée par Bold White Space.
Différencier la distanciation physique et le confinement social :
Pour beaucoup, la distanciation physique rime avec isolement et confinement. Il est important de rappeler que ce n'est pas obligatoirement le cas et de faciliter les occasions de réunir les gens en cette période. Par exemple, des paroissiens ont expérimenté de nouvelles façons d'être ensemble avec des services religieux en ligne aux Philippines. D'autres pays ont mis en place des services de soutien en santé mentale spécialisés COVID-19 avec des lignes d'assistance téléphonique, des groupes Facebook et des interventions à la radio, ainsi qu'en formant le personnel de première ligne aux premiers secours en matière de santé mentale. Comme le fait remarquer ce guide du CDC Afrique, il peut également être utile de préciser clairement que les mesures de distanciation physique sont des mesures à court terme et, si possible, d'informer le public des dates prévues pour le retour à la normale. Dans certains endroits, les gens se rendent visite mais restent à l'extérieur de la maison et maintiennent une distance entre eux.
Célébrer la "déviance positive" : Les "déviants positifs" sont les personnes qui parviennent à suivre correctement les conseils de santé publique même lorsque la plupart de ceux qui les entourent ne le font pas. Pendant une épidémie, il peut être utile d'identifier ces personnes, de recueillir leurs enseignements et de les célébrer afin que d'autres membres de leur communauté puissent être inspirés par ces modèles. On peut mener des entretiens vidéo ou audio avec des "déviants positifs", au cours desquels ils prodiguent des conseils sur des moyens réalistes de respecter la distanciation physique. Voir ce webinaire pour des informations en vue d'appliquer la déviance positive dans les interventions de lutte contre la COVID-19. Il peut être utile aussi de mettre en avant les réactions quotidiennes classiques à l'égard des comportements de distanciation. Par exemple, cette vidéo relate la façon dont la distanciation physique est vécue au Royaume-Uni avec des personnes qui parlent de ce qui leur manque, de la façon dont elles gèrent la situation et de ce qui les motive à continuer malgré les grands sacrifices personnels impliqués. Dans le même ordre d'idée, MTV Shuga a créé une chaîne intitulée "Alone Together" (Seuls ensemble) où les personnages discutent de leurs expériences quotidiennes face à la COVID-19 et remettent en cause les idées fausses sur le virus.
S'appuyer sur des dirigeants et des réseaux communautaires de confiance : Les chefs des communautés et d'autres personnes influentes peuvent jouer un rôle clé pour encourager de nouveaux comportements de distanciation physique et peuvent probablement contribuer à rendre ces pratiques normales. Les réseaux communautaires peuvent aider les acteurs de l'intervention à comprendre le contexte local, à expliquer les innovations locales et les mécanismes d'adaptation, à diffuser des informations et à fournir des conseils sur la mise en œuvre acceptable des projets. Commencez par dresser la carte des réseaux communautaires existants, en identifiant les personnes de confiance, en comprenant comment elles fonctionnent actuellement et comment les renforcer. Dans de nombreux pays, des groupes d'entraide et d'épargne ont été mis en place au niveau local pour soutenir les personnes vulnérables qui s'auto-isolent ou se confinent volontairement.
Faire de la distanciation physique un aspect de la "nouvelle normalité" : Il faut que les comportements de distanciation deviennent normaux. Pour ce faire, il est utile de réfléchir à la fois au canal de diffusion par lequel vous communiquez et au contenu des messages. Certains canaux de diffusion, comme les médias, peuvent être utilisés pour montrer les comportements de distanciation physique en action et donc contribuer à les positionner comme normaux. Il est également possible d'utiliser ces supports pour montrer les mauvais comportements de certaines personnes ou les difficultés rencontrées pour adopter des comportements de prévention. C'est exactement ce qu'illustre cette série de courtes vidéos faites en Zambie, qui montrent ensuite comment les comportements inadéquats sont corrigés par d'autres membres de la communauté ou par une mesure à l'échelon communautaire.
Proposer une gamme de mesures alternatives : Il convient de considérer les mesures de distanciation physique comme un spectre allant de l'ensemble idéal de pratiques à des options moins idéales mais plus réalisables. Il s'agit d'un aspect important à prendre en compte dans la planification nationale ou régionale, car les expériences individuelles de la pandémie de COVID-19 seront très différentes (notamment en termes de vulnérabilité clinique, d'impact socioéconomique et de circonstances individuelles). Par exemple, beaucoup de gouvernements recommandent aux personnes âgées ou souffrant d'affections préexistantes de s'auto-isoler chez elles. Toutefois, il est fréquent que ces personnes vivent dans des foyers plus importants avec d'autres personnes qui ne sont pas à haut risque et qui doivent continuer à aller travailler et à effectuer certains déplacements nécessaires. En outre, les personnes vulnérables ne résident pas toujours dans des habitations suffisamment vastes pour leur permettre d'être isolées dans un espace dédié. Dans ces circonstances, il peut être nécessaire de fournir des conseils sur la procédure idéale d'auto-isolement (par exemple, lorsque les personnes vulnérables ont leur propre maison et que des membres de leur famille leur apportent la nourriture et les produits nécessaires afin de minimiser leurs contacts), mais aussi de donner des conseils pour délimiter des zones "sûres" au sein du foyer, encourager le nettoyage fréquent, le lavage des mains au savon, l'utilisation de masques et définir quelles activités extérieures peuvent être réduites.
Notes de révision
Rédigé par : Eva Manzano et Sam Gil (CAWST)
Vérifié par : Max Friedrich, Miriam Harter, Ben Tidwell.
Article mis à jour le : 16/09/2020