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Programmes inclusifs de lutte contre la COVID-19
FAQ : l'implication des minorités dans la lutte contre la COVID-19
Quelles mesures les intervenants peuvent-ils prendre pour réduire l'effet disproportionné de la COVID-19 sur les minorités ?
Quelles mesures les intervenants peuvent-ils prendre pour réduire l'effet disproportionné de la COVID-19 sur les minorités ?
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Écrit par Astrid Hasund Thorseth
Mis à jour il y a plus d’une semaine

Quelles mesures les intervenants peuvent-ils prendre pour réduire l'effet disproportionné de la COVID-19 sur les minorités ?

Identifier les minorités dans votre région cible

Étudiez l'ensemble des données avec un regard critique sur l'ethnicité et la religion, et prenez le temps de chercher les régions où vous travaillez dans les registres des minorités, comme celui de Minority Rights Group International. Vous pourrez ainsi identifier les minorités dans votre pays et accéder aux informations concernant les problèmes actuels et l'historique. Ceci pourra avoir un impact sur votre programme d'intervention. Dans le cadre de la phase de conception du programme et de l'évaluation formative, toutes les minorités doivent être identifiées dans votre région cible de manière à n'exclure personne. Ne regroupez pas les minorités. Vous pourriez passer à côté de différences importantes entre les groupes (par exemple, un groupe religieux minoritaire peut avoir des besoins différents de ceux d'un groupe ethnique minoritaire, bien qu'ils vivent dans la même région).

Communication

Nous vous suggérons de prendre les mesures suivantes pour parler de la pandémie avec des minorités :

  • Sensibiliser les communautés minoritaires : Veillez tout particulièrement à ce que les minorités soient sensibilisées au sein de la communauté et partagez des informations sur la manière de réduire la propagation de la COVID-19 et d'accéder aux services de santé.

  • Promouvoir le respect de la dignité humaine et de la diversité : Dénoncez la désinformation, les rumeurs, la stigmatisation et les stéréotypes discriminatoires à l'encontre des minorités. Les gouvernements et les responsables de la santé publique devront arrêter comme ils ont tendance à le faire, de faire le lien entre propagation des maladies et minorités.

  • Communiquer dans la langue parlée par les minorités : Il est important que les minorités comprennent les informations. Elles doivent être précises, fiables et transmises en temps opportun. C'est la clé pour réussir à lutter contre la COVID-19. L'organisation non gouvernementale internationale, Traducteurs sans frontières (TWB), a développé des ressources sur la façon de communiquer pendant la pandémie avec l'ensemble de la population, les minorités et le personnel d'intervention. Par exemple, TWB décrit comment, dans le nord-est du Nigeria, le terme "corona" ou "korona" est plus largement utilisé pour décrire à la fois le virus et la maladie. Le terme "COVID-19" est surtout utilisé pour la communication administrative. TWB dispose également d'un glossaire en ligne des termes relatifs à la pandémie de COVID-19 en 46 langues.

  • Combler le fossé numérique : À une époque où l'information est diffusée presque uniquement sur des appareils électroniques, des mesures doivent être prises pour s'assurer que l'information parvient aux utilisateurs et aux non-utilisateurs d'appareils numériques. Dans les régions bénéficiant d'un bon réseau mais où tout le monde n'a pas accès à l'internet, un accès gratuit à l'internet pourrait être offert aux utilisateurs. Au Pérou, le gouvernement a rendu l'accès public à l'internet gratuit pendant l'état d'urgence national décrété en raison de la pandémie.

  • Créer un dialogue participatif : La communication bilatérale avec les minorités est essentielle pour programmer l'intervention contre la COVID-19. Les efforts demandés seront plus largement acceptés et suivis. Dans les camps de réfugiés de Cox's Bazar, au Bangladesh, les femmes et les filles Rohingyas se sont mobilisées et ont formé des groupes pour informer leurs voisins, leurs familles et leurs pairs des mesures de prévention contre la COVID-19 dans le camp. Les communautés religieuses ont également joué un rôle essentiel au niveau mondial, dans les réponses apportées pour lutter contre la COVID-19.

Image : Femmes Rohingya intervenant dans la communauté pour expliquer comment éviter de propager la COVID-19 dans le camp de réfugiés de Cox's Bazar au Bangladesh. Image de UN Women.

Aide d'urgence

Une des priorités du programme de lutte contre la COVID-19 dans les communautés minoritaires doit être de garantir l'accès à la nourriture et à d'autres services essentiels tout au long de la pandémie. Les minorités vivant dans la pauvreté peuvent n'avoir que peu ou pas d'accès aux stocks alimentaires et peuvent ne pas avoir suffisamment d'économies pour couvrir les pertes de revenu dues à la pandémie. En Tunisie, la minorité Amazigh a mis en place des mesures pour empêcher l'épidémie de se propager dans la ville, alors que le taux de COVID-19 augmente dans le pays. Avec l'aide de l'armée nationale, elle a réussi à fermer les frontières de la petite ville dans laquelle elle vit et à restreindre les entrées et les sorties. Des mesures de solidarité alimentaire ont ensuite été mises en place par l'armée nationale et le bureau régional du commerce, permettant à la communauté de se protéger contre la COVID-19 en toute sécurité.

L'aide financière d'urgence en faveur des minorités travaillant dans des secteurs parallèles doit également être une priorité. Les subventions en espèces permettront aux minorités de continuer leurs activités économiques (y compris l'accès aux soins) tout au long de la pandémie. N'oubliez pas que ces aides devraient être accessibles à tous, y compris à ceux qui ne peuvent pas fournir de pièces d'identité ou de preuve de résidence en raison de leur statut juridique vulnérable.

S'attaquer aux obstacles empêchant le dépistage et le traitement

Les services de santé, notamment pour le dépistage et le traitement de la COVID-19, doivent être accessibles à tous, même à ceux qui n'ont pas de pièces d'identité. Il faut avant tout comprendre les comportements en matière de santé qui existaient avant la COVID-19 et évaluer la confiance que portent les minorités dans les services de santé publique. Ceci doit être fait dans le cadre des évaluations formatives avant de lancer un programme de lutte contre la COVID-19. En évaluant les effets de la stigmatisation et de la discrimination des minorités dans votre région cible, vous pourrez déterminer l'impact sur l'accès aux services de santé. Le coût des soins constitut un obstacle bien connu pour les minorités en situation de pauvreté. Cet obstacle peut être levé en proposant des tests et des traitements gratuits.

Travailler avec les employeurs pour garantir la protection des travailleurs issus des minorités

Inclure les travailleurs, les employeurs et les lieux de travail comme population cible et/ou dans le cadre du programme est une bonne solution pour toucher les minorités. Lorsque vous travaillez avec des employeurs, une réponse adéquate à la COVID-19 devrait sensibiliser et mettre en œuvre les pratiques suivantes sur leur lieu de travail : hygiène des mains, hygiène respiratoire, distanciation physique, réduction et gestion des déplacements liés au travail, désinfection et nettoyage réguliers de l'environnement, sensibilisation aux risques, formation et éducation. Les domaines dans lesquels les travailleurs issus des minorités ont besoin de soutien, peuvent être identifiés en évaluant les risques professionnels. Les évaluations doivent tenir compte des conditions de santé sous-jacentes ainsi que de l'âge et de l'origine ethnique de l'employé. Ces facteurs sont essentiels. Ils ont un impact sur le niveau de risque couru par l'employé individuellement. Ils font souvent courir aux minorités un risque accru de contracter la COVID-19. Pour réduire la gravité des effets secondaires de la COVID-19, comme la perte de travail, d'emploi ou de revenu, les intervenants doivent travailler avec les employeurs et les autorités pour s'assurer que des aides financières sont prévues pour les travailleurs issus des minorités.

Suivi et évaluation

Les données recueillies doivent être détaillées et tenir compte des différentes ethnies, religions, sexes et âges. Les données sur les tests des cas confirmés et des décès liés à la COVID-19 doivent être contrôlées et diffusées régulièrement de manière transparente. Il est important de s'assurer que tous les rapports sont mis à la disposition des communautés minoritaires dans la langue qu'elles utilisent.

Pour en savoir plus sur le suivi et l'évaluation, consultez notre documentation :


Vous voulez en savoir plus sur la manière d'impliquer les minorités dans la lutte contre la COVID-19 ?

Notes de révision

Rédigé par : Astrid Hasund Thorseth

Article mis à jour le : 11/11/2020

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