Passer au contenu principal
Toutes les collectionsProgrammes inclusifs de lutte contre la COVID-19 FAQ : populations autochtones
Comment les populations autochtones peuvent-elles être prises en compte dans les programmes de lutte contre la COVID-19 ?
Comment les populations autochtones peuvent-elles être prises en compte dans les programmes de lutte contre la COVID-19 ?
Astrid Hasund Thorseth avatar
Écrit par Astrid Hasund Thorseth
Mis à jour il y a plus de 4 ans

Le Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) recommande de s'engager avec les populations autochtones dans les programmes de lutte contre la COVID-19 :

"Les droits spécifiques qui répondent particulièrement aux peuples autochtones pendant cette crise - de nature individuelle et collective - comprennent le droit à l'autodétermination, ainsi que le droit des peuples autochtones à participer et à être consultés sur les mesures qui les concernent, y compris l'obligation de solliciter leur consentement libre, préalable et éclairé" et "Les États et les principales parties prenantes devraient tenir compte des concepts particuliers à chaque peuple autochtone en matière de santé, qui sont inextricablement liés au respect d'autres droits, notamment les droits à l'autodétermination, au développement, à la culture, à la terre, à la langue et à l'environnement naturel".

Les populations autochtones ont fait preuve d'une grande résilience dans la lutte contre la COVID-19. Elles se tournent vers les connaissances, les pratiques et les valeurs traditionnelles pour ne pas être déstabilisées par cette crise et rester en bonne santé. Il est important de tenir compte desprincipes clés de la programmation de la lutte contre la COVID-19 et de connaître les directives mondiales, nationales et régionales pour s'engager auprès des populations autochtones. Toutefois, depuis toujours les réponses apportées par les gouvernements aux problèmes de santé des populations autochtones ont été inappropriées, ce qui a conduit ces communautés à se méfier des efforts gouvernementaux.

1. Établir des liens et travailler avec les communautés autochtones avant la mise en œuvre et procéder à des évaluations formatives

Il est essentiel de communiquer avec les populations autochtones et de tirer des enseignements de ces communautés avant la conception et la mise en œuvre des programmes d'intervention. Dans le cadre de ce processus, le consentement préalable de la communauté doit être obtenu en connaissance de cause. Par conséquent, la première étape de l'intervention devrait consister à identifier les organisations autochtones et non gouvernementales, ainsi que les dirigeants des communautés autochtones, qui connaissent et ont travaillé dans les zones où se trouve la population cible, dans le but de les consulter pour en savoir plus sur leur culture. Vous trouverez ici une liste de quelques organisations autochtones à travers le monde. Avec ces consultations, rapides ou approfondies, la lutte contre la COVID-19 peut être plus efficace et mieux acceptée et donc moins d'effets négatifs. Dans le sud du Suriname, une enquête sur les connaissances, les attitudes et les pratiques (KAP) a révélé le manque d'informations sur la COVID-19 dans une communauté autochtone. L'enquête leur a permis d'apprendre que la communauté avait reçu certaines informations, notamment qu'elle devait limiter l'entrée des visiteurs dans les territoires autochtones, mais c'est à peu près tout. L'enquête KAP a servi de base pour les activités de surveillance et pour signaler l'existence de matériel pour lutter contre la COVID-19, comme des documents pour communiquer les risques. L'apprentissage de la communauté doit être un processus continu, répété au fur et à mesure de l'évolution de l'intervention et de l'épidémie.

2. Le programme d'intervention doit être mis en œuvre en utilisant la langue locale et en respectant la culture

Les informations sur la pandémie doivent être précises, transmises dans les temps et produites dans des formats adaptés à la culture et dans les langues autochtones. La liste ci-dessous présente certaines considérations qui peuvent être prises en compte pour s'assurer que les programmes et les supports de communication peuvent être diffusés dans le respect de la culture.

  • Faire figurer les populations autochtones sur le matériel de communication (ceci doit être approuvé par les dirigeants autochtones)

  • Consigner et partager les expériences des personnes issues des populations autochtones qui ont eu la COVID-19 et ont survécu

  • Comprendre les réseaux de communication traditionnels et les utiliser le cas échéant

  • Travailler avec les anciens pour identifier des moyens de poursuivre la pratique des pratiques spirituelles et culturelles en toute sécurité

  • Former les membres des communautés autochtones pour qu'ils participent à la lutte contre la COVID-19

La Banque interaméricaine de développement a élaboré une liste de questions essentielles à aborder lors de la conception d'une intervention contre la COVID-19 dans le respect culturel et linguistique des communautés autochtones.

Voici d'autres exemples intéressants de transmission des informations de lutte contre la Covid culturellement et linguistiquement adaptée dans les communautés autochtones :

  • Dans le cadre d'une collaboration multisectorielle en Colombie, le Centre d'information des Nations Unies, l'Organisation nationale indigène colombienne et l'Armée nationale colombienne ont créé sept messages radio sur la COVID-19 et les ont transmis dans les territoires autochtones en langues autochtones.

  • Aux États-Unis, la tribu amérindienne Pueblo Pojoaque, a publié un site web axé sur l'information sanitaire et la coordination de la fermeture et de la réouverture en toute sécurité des programmes et activités d'éducation. Elle a également adapté le contenu du Centre américain de contrôle des maladies pour le diffuser dans les communautés.

  • Les messages sur la COVID-19 sont diffusés par haut-parleur, radio et télévision dans les langues parlées au Cambodge pour toucher les communautés autochtones.

  • L'organisation non gouvernementale CIELO a produit une série de courtes vidéos animées sans texte et a ensuite ajouté des voix off dans un certain nombre de langues autochtones pour les diffuser en Amérique latine et en Amérique du Sud.

Image : Exemple de vidéos de l'IEC fournissant des informations sur la COVID-19 dans les langues des groupes autochtones du Mexique et du Guatemala produites par la CIELO.

3. La collaboration et la coordination multisectorielles sont essentielles

Pour freiner la propagation de la pandémie, il est recommandé aux gouvernements et aux intervenants de travailler avec et pour les populations autochtones. Ainsi personne ne sera exclu des programmes d'intervention. Il peut s'agir de mettre en œuvre des mesures visant à garantir un meilleur accès au matériel médical, à un plus grand nombre d'agents de santé, aux tests COVID-19, ainsi qu'aux traitements et vaccins, une fois disponibles. Des recherches ont montré que si les services de santé sont gérés par les populations autochtones elles-mêmes, la qualité et l'utilisation des soins de base sont améliorées grâce à des services publics culturellement adaptés. (Étude 1, Étude 2, Étude 3). L'équipe d'intervention, le comité de coordination et les groupes de conseillers gouvernementaux peuvent dans certains contextes, intégrer les populations autochtones pour qu'elles adoptent le principe.

Les effets de la pandémie dans la région amazonienne ont conduit l'Organisation panaméricaine de la Santé (OPS) et le coordinateur des organisations autochtones du bassin du fleuve Amazone (COICA) à coordonner et à publier une déclaration commune exhortant les pays et les intervenants à collaborer et à fournir du matériel, des appareils médicaux, des tests COVID-19 et des ressources humaines. La déclaration de l'OPS et de la COICA a notamment exhorté les pays à collaborer dans les régions où les populations autochtones vivent dans des zones situées à proximité de frontières internationales. Certaines collaborations de ce type ont été mises en œuvre avec succès pour lutter contre la COVID-19 dans la région amazonienne. La municipalité de São Gabriel da Cachoeira, au Brésil a prouvé qu'une collaboration multisectorielle peut contribuer à réduire l'impact de la pandémie dans une région où vivent plus de 20 ethnies et a mis en avant l'intérêt de l'application mobile Alerte Covid-19 permettant de mieux collaborer et partager les informations entre les groupes, les organisations et les autorités autochtones de la région amazonienne.

4. Toutes les ethnies autochtones doivent être répertoriées lors de la collecte des données

Les données doivent être détaillées pour inclure toutes les catégories ethniques représentées dans les groupes autochtones. Les données précises par ethnie doivent être systématiquement collectées et utilisées pour comprendre l'impact de la COVID-19 sur la santé et avoir un aperçu de la disponibilité des ressources nécessaires en matière de soins : tests, établissements de soins, traitement et informations sur l'épidémie. Il est important de préciser que les réponses aux questions sur l'ethnicité lors de la collecte des données doivent être facultatives.

Vous voulez en savoir plus sur la manière d'impliquer les populations autochtones dans la lutte contre la COVID-19 ?

Notes de révision

Rédigé par : Astrid Hasund Thorseth
Vérifié par : Delmo Roncarati Vilela, Bethany Caruso, Susannah Mayhew, Sian White
Article mis à jour le : 28/10/2020

Avez-vous trouvé la réponse à votre question ?