La COVID-19 s'ajoute à une liste de facteurs de risque qui font que les peuples autochtones sont particulièrement vulnérables aux pandémies. La colonisation et le racisme continuent d'avoir un impact sur la santé de ces populations, ce qui se traduit par de mauvais résultats sanitaires et sociaux. Avec l'augmentation des niveaux de pauvreté, la discrimination persistante et les inégalités, les populations autochtones se voient généralement exclues des programmes et des politiques de santé qui les concernent pourtant directement.
Voici quelques-unes des raisons pour lesquelles ces populations sont souvent exclues des programmes de santé ou des interventions contre les épidémies :
Considérées comme n'étant pas prioritaires dans la lutte contre l'épidémie : Bien qu'il soit établi que les populations autochtones sont victimes d'inégalités sanitaires majeures, elles sont souvent laissées pour compte dans la lutte contre la COVID-19, comme cela a été le cas lors de précédentes épidémies. Par exemple, lors de la pandémie de grippe espagnole de 1918, l'exclusion des populations autochtones pour lutter contre l'épidémie a eu des effets néfastes. Pour les Māori en Nouvelle-Zélande et les Premières nations au Canada, le risque de décès a été respectivement sept et huit fois plus important que pour les non-autochtones. Lors de l'épidémie de grippe H1N1 en 2009, les populations autochtones des Amériques et du Pacifique ont eu un risque 3 à 6 fois plus élevé de développer une maladie grave et de mourir. Les aborigènes et les habitants des îles du Détroit de Torrès en Australie représentaient 12,9 % des cas hospitalisés suite au virus H1N1, alors qu'ils constituent 3 % de la population australienne. Il semblerait que le manque actuel de considération pour les populations autochtones dans le cadre de la lutte contre la COVID-19 pourrait avoir le même effet. Par exemple, près de la moitié de la population bolivienne est considérée comme étant d'origine autochtone. Pourtant, une étude a signalé qu'aucune considération ou qu'aucun plan spécifique n'avait été élaboré pour lutter contre le coronavirus dans les territoires communaux autochtones.
Manque de précision dans les données : Lorsqu'elles communiquent des données démographiques, les populations autochtones ne peuvent souvent pas choisir leur race ou leur appartenance ethnique. Elles sont donc "invisibles". Ces populations risquent d'être exclues des interventions et de la couverture des services de santé à cause des erreurs de classification raciale. L'impact de la COVID-19 sur les populations vulnérables peut donc passer totalement inaperçu. En avril 2020, 80 % des ministères de la santé des États américains ont publié des données démographiques raciales en lien avec la COVID-19, mais moins de la moitié d'entre eux ont fait état explicitement de l'impact de la pandémie sur les Amérindiens.
Les programmes d'intervention ne sont pas disponibles en langues autochtones et ne tiennent pas compte de l'aspect culturel : Un des principaux facteurs de marginalisation raciale des groupes autochtones est le manque d'informations sur la pandémie adaptées à leur culture et dans une langue qu’ils comprennent. Le manque d'informations sur la prévention des maladies infectieuses et d'accès aux soins représente déjà un large facteur de mauvaise santé parmi les populations autochtones, et plus encore pendant la pandémie de COVID-19. Pour les populations autochtones ayant migré vers les villes, le défi est encore plus grand. Si la couverture des services de santé est meilleure dans les zones urbaines, le manque d'informations adaptées à la culture et dans la langue parlée est encore un autre obstacle pour les populations autochtones vivant dans ces milieux. Il est essentiel de respecter les pratiques culturelles en matière de santé pour que la lutte contre la COVID-19 soit efficace dans les communautés autochtones.
Vivre en dehors des frontières : Les territoires autochtones sont souvent séparés par des frontières internationales et les besoins sanitaires des communautés de ces régions relèvent donc de la responsabilité de deux ou de plusieurs pays. Dans ce cas, une collaboration transfrontalière est recommandée pour satisfaire les besoins des populations.
Vous voulez en savoir plus sur la manière d'impliquer les populations autochtones dans la lutte contre la COVID-19 ?
Notes de révision
Rédigé par : Astrid Hasund Thorseth
Vérifié par : Delmo Roncarati Vilela, Bethany Caruso, Susannah Mayhew, Sian White
Article mis à jour le : 28/10/2020