Il n'est pas conseillé de suivre l'incidence des cas de COVID-19 et de la mortalité dans le cadre des évaluations d'impact des programmes. Il y a plusieurs raisons à cela.
Limites des données relatives aux cas de COVID-19 et à la mortalité :
Cas de COVID-19
Les cas de COVID-19 peuvent être suspectés, probables ou confirmés par un test de laboratoire. La plupart des chiffres relatifs aux cas de COVID-19 au plan national ou dans le monde se rapportent à des cas confirmés. Mais l'ampleur du dépistage varie selon les pays (p. ex. 0,1 test pour 1000 habitants en Indonésie contre plus de 100 tests pour 1000 habitants en Islande), et il arrive que les données sur le dépistage soient indisponibles ou incomplètes. Hormis les variations dans les stratégies et les protocoles de test, d'autres facteurs peuvent influer sur le dénombrement des cas, notamment le dépistage, les définitions, le signalement et les temps de latence, facteurs qui diffèrent également entre les pays. Dans beaucoup de pays, les tests ne sont administrés qu'aux personnes présentant des symptômes, bien qu'il semble prouvé qu'il existe des porteurs asymptomatiques susceptibles de transmettre la COVID-19.
Taux de mortalité de la COVID-19
Il existe un certain nombre de mesures de fréquence de la mortalité. Pour la COVID-19, on fait souvent référence aux taux de létalité, définis par la proportion de personnes souffrant d'une affection donnée (les cas) qui décèdent de cette affection. Pour mesurer le taux de létalité, il faut connaitre le nombre total de cas de COVID-19 et le nombre de décès dus au COVID-19 parmi ces cas. Mais dans la mesure où les tests ne sont pas systématiques, nous n'avons pas de réelle connaissance du nombre total de personnes atteintes de la COVID-19. Enfin, et c'est important, comme le dépistage n'est pas effectué de la même manière dans tous les pays, il est difficile de comparer les taux de létalité dans différentes populations. Au-delà des problèmes de détermination du nombre de cas, il y a aussi des différences dans la manière de définir les décès liés à la COVID-19 et le problème des décès non comptabilisés (c.-à-d. les personnes qui décèdent de la COVID-19 sans n'avoir jamais été testées).
En conséquence, il convient d'interpréter avec prudence le nombre de cas et les taux de létalité, surtout si on essaie de les comparer entre différents pays.
Lors de la conception des mesures destinées à comprendre l'impact d'un programme sur la santé, une difficulté courante tient à la tentation d'attribuer tout changement dans l'incidence des cas et de la mortalité à un programme en particulier. Ce n'est pas chose facile pour plusieurs raisons :
Actuellement, quel que soit le lieu, de multiples actions sont menées pour combattre la COVID-19. Ces actions sont entreprises par les gouvernements, des entreprises, des organisations non gouvernementales ou par des personnes individuelles ou des communautés. Les changements dans la tendance épidémiologiques sont probablement la conséquence de la combinaison de toutes ces actions.
Les actions préventives au niveau communautaire n'auront pas d'effet direct sur les taux de mortalité de la COVID-19. Ces taux sont davantage liés à la capacité des établissements de santé à gérer les cas graves et à la proportion de personnes vulnérables au sein de la population.
Il est donc conseillé de mesurer l'impact du programme à travers une théorie du changement pour voir si le programme a atteint les conséquences prévues sur la voie d'une réduction de la transmission de la COVID-19, des cas et des décès qui en résultent. Il est également important de gérer dès le début les attentes concernant les résultats d'une évaluation de programme, afin que personne n'attende de données sur l'impact sanitaire et que chacun comprenne pourquoi elles ne sont pas utiles.
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Notes de révision
Rédigé par : Fiona Majorin
Vérifié par : Peter Winch, Katie Greenland, Karine Le Roch
Article mis à jour le : 02/07/2020