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Les retours sur investissement dans le domaine de l'hygiène, de quoi s'agit-il ?
Les retours sur investissement dans le domaine de l'hygiène, de quoi s'agit-il ?
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Écrit par Ian Ross
Mis à jour il y a plus de 3 ans

Les retours sur investissement peuvent être évalués en termes monétaires en utilisant l'analyse coût-bénéfice (CBA), ou en termes de cas de maladies ou de décès évités en utilisant l'analyse coût-efficacité (CEA).

Les avantages économiques de l'hygiène

Il existe trois méthodes concernant les pratiques d'hygiène qui peuvent avoir des répercussions économiques. La première a l'avantage d'agir directement sur la santé, avec les décès et les cas de maladies évités (ex. COVID-19). Des études systématiques ont montré que le lavage des mains au savon peut limiter les maladies diarrhéiques d'environ 30 % et les infections respiratoires aiguës d'environ 21 %. Diverses études permettent également de quantifier le "coût de la maladie", par exemple pour la diarrhée. Avec la seconde méthode, il peut y avoir des avantages indirects sur la santé, comme la valeur du temps perdu si la personne est malade ou si elle s'occupe d'une personne malade. La troisième méthode apporte une valeur économique. Elle améliorer la qualité de vie en apportant un sentiment de dignité, de fierté ou de propreté. Ces aspects n'ont cependant pas été quantifiés dans le présent document. Bien qu'il existe relativement peu de preuves du lien entre la COVID-19 et le lavage des mains, et ses répercussions, plusieurs études examinent comment l'hygiène des mains peut limiter la transmission de la grippe et du coronavirus saisonnier dans divers contextes.

Études coût-bénéfice des programmes d'hygiène

Il existe peu d'études sur la CBA et la CEA pour les programmes d'hygiène, par rapport à celles qui existent sur les programmes d'eau potable ou d'assainissement. En particulier, il n'existe pas d'études de ce type dans les contextes humanitaires, bien que les "kits d'hygiène" et la promotion de l'hygiène figurent souvent comme le point important des interventions dans ces contextes. Il est plausible que les retours sur investissements en matière d'hygiène dans les contextes humanitaires soient plus élevés à court terme que les interventions dans des contextes stables, en raison du risque accru de maladie et de vulnérabilité. Cependant, les impacts éventuels sont également susceptibles d'être moins durables et les coûts d'intervention peuvent être plus élevés dans les situations de crise. Des études dans ce domaine sont donc nécessaires.

Une étude coût-bénéfice de haute qualité synthétise les données probantes sur l'efficacité des interventions et leurs coûts dans différents contextes. Un modèle de référence a été appliqué pour un contexte de pays à faible revenu type. Cette étude est particulièrement utile car les auteurs ajoutent à la fois les taux de participation (la proportion de personnes ciblées par un programme qui changent leur comportement) et d'adhésion ultérieure (la proportion de personnes ayant changé de comportement et qui le respectent à long terme). Leur modèle comporte différents scénarios pour des performances "faibles", "moyennes" et "élevées" sur ces deux facteurs afin de tenir compte des variations dans le monde réel. Ils simulent différents scénarios de programmes d'hygiène dans lesquels 20 à 60 % de la population cible adopte dès le départ le nouveau comportement (taux d'adoption) et 20-80 % de cet échantillon de population continuent à le pratiquer pendant la durée de l'intervention (adhésion ultérieure) . Selon le scénario des performances "moyennes" pour l'adoption et l'adhésion, les résultats de 10 000 simulations du modèle montrent un rapport coût-bénéfice de 2.1 (un retour sur investissement d'environ 2 dollars pour un dollar investi). Le rapport coût-bénéfice était supérieur à 1 dans 80 % de leurs simulations. Le scénario avec une plus grande adoption et adhésion suggère un retour de 6 $ pour 1 $ investi, et pour une plus faible adoption/adhésion, un retour de seulement 0,9 $. Il est important de souligner qu'il s'agit d'une étude à caractère hypothétique, avec des données collectées dans de nombreuses études. Il y a très peu d'études coût-bénéfice basées sur des preuves concrètes concernant le lavage des mains dans un contexte donné. Les rapports coût-bénéfice peuvent également être plus élevés si les études ajoutent les avantages pour la santé autre que la diarrhée, comme pour les infections respiratoires aiguës, ce qui n'est pas le cas de cette étude.

Les responsables de projet devraient rechercher plus de preuves pour prendre des décisions en matière d'hygiène, notamment en collectant des analyses coût-bénéfice des programmes d'hygiène lors de la conception et de la mise en œuvre. Des mesures de sensibilisation destinées aux responsables de projet qui conçoivent et mettent en œuvre des programmes d'hygiène, ainsi qu'aux donateurs qui financent de telles études, permettraient de mieux comprendre les coûts et les avantages des programmes d'hygiène, et de concevoir des programmes plus efficaces et économiquement avantageux.

Études de rentabilité des programmes d'hygiène

Une étude coût-efficacité de qualité exceptionnelle d'une intervention menée au Burkina Faso a évalué une intervention de promotion du lavage des mains en termes d'adoption et de changement de comportement chez les mères de jeunes enfants. En combinant ces estimations avec des données annexes sur la réduction des risques sanitaires, les auteurs ont conclu que l'intervention coûtait 51 dollars par cas de diarrhée évité, par rapport à aucune intervention. De tels résultats sont difficiles à interpréter sans d'autres données. Le projet "Disease Control Priorities" (DCP) synthétise les résultats d'études individuelles de rentabilité en évaluations combinées de la rentabilité des interventions sanitaires, normalisées en fonction des années de vie corrigées du facteur d'invalidité (AVCI) évitées. Selon l'étude de la CEA, les auteurs du projet DCP ont estimé une fourchette de rentabilité du lavage des mains de 90 à 225 USD par AVCI évitée (tarif en 2012). Leur graphique ci-dessous, qui compare le rapport coût-efficacité relatif de diverses interventions en matière de santé infantile, identifie le lavage des mains comme une intervention très rentable. Son niveau est similaire à la thérapie de réhydratation orale et à la plupart des vaccinations infantiles.

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En ce qui concerne le retour sur investissement des programmes d'hygiène, quatre messages sont importants :

  1. Il est prouvé que le lavage des mains au savon peut empêcher la diarrhée, les infections respiratoires aiguës et d'autres maladies infectieuses. Prévenir les décès et les maladies représente une valeur économique pour les États nations ainsi que pour les individus. Le lavage des mains au savon permet d'éliminer biologiquement et de tuer le SARS-CoV-2. Cependant, les preuves de la réduction proportionnelle de l'infection de COVID-19 associée à l'hygiène des mains restent limitées. Des recherches sont en cours.

  2. Des estimations prudentes suggèrent qu'en moyenne la promotion de l'hygiène peut rapporter 2 dollars pour chaque dollar investi. Cependant, les retours peuvent être plus élevés si l'on tient compte des avantages non mesurés, et dépendent fortement de l'adhésion et de l'adoption. Par exemple, le scénario dans l'étude référencées avec un niveau élevé d'adhésion et d'adoption suggère un retour de 6 dollars pour chaque dollar investi.

  3. Il faut réellement envisager plus d'interventions d'hygiène sur le terrain pour étudier le coût-bénéfice, ceci afin d'améliorer les résultats.

  4. Les études comparatives sur la rentabilité identifient le lavage des mains comme une intervention "extrêmement rentable" pour la santé des enfants, à un niveau similaire à la thérapie de réhydratation orale et à la plupart des vaccinations infantiles.

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Notes de révision

Rédigé par : Ian Ross
Vérifié par : Marc Jeuland, Guy Hutton, Robin Lloyd
Article mis à jour le : 15/12/2020

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