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Ce que l'on sait sur les coûts des programmes d'hygiène ?
Ce que l'on sait sur les coûts des programmes d'hygiène ?
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Écrit par Ian Ross
Mis à jour il y a plus de 3 ans

Coûts des composants

Les programmes d'hygiène des mains sont plus onéreux que ceux du savon et de l'eau. Deux éléments sont importants en matière de coût pour préparer l'intervention :

  1. le coût des activités promotionnelles (souvent appelées "logiciels"), comme les visites de porte-à-porte, les réunions communautaires, la publicité à la radio et à la télévision, le matériel de communication, les ressources humaines et les coûts de gestion associés

  2. le coût matériel, comme celui pour les installations de lavage des mains, le savon ou les kits d'hygiène. Voici deux exemples de kits d'hygiène proposés par l'UNICEF et Red Cross.

Des coûts sont également à prévoir par la suite au cours de la durée de vie prévue du poste de lavage des mains, notamment le remplacement des consommables comme le savon et l'eau, la réparation et le remplacement des équipements. Il faut aussi ajouter le personnel qui s'occupe du réapprovisionnement en savon, de l'approvisionnement en eau et du nettoyage (réservoir, surfaces de contact). Le suivi des activités promotionnelles peut également présenter un coût.

Déterminants des coûts

Les coûts associés aux programmes d'hygiène sont très spécifiques au contexte. Il est donc difficile d'obtenir des chiffres de référence sur les coûts. Le coût par personne pour réaliser un programme est susceptible de varier et peut dépendre au moins des facteurs suivants :

  • La nature et l'intensité des activités promotionnelles

  • La quantité, la qualité et la durabilité du matériel fourni

  • Les économies d'échelle (par exemple, la mise en œuvre d'un programme pour 50 000 personnes peut avoir un coût par personne inférieur à celui de la mise en œuvre pour 1 000 personnes, si les coûts fixes sont élevés)

  • Les facteurs économiques locaux dans le pays et le contexte (par exemple, les marchés, les salaires du personnel, les facteurs macroéconomiques et l'éloignement du lieu).

  • Si la promotion de l'hygiène fait partie des interventions en matière d'assainissement et d'eau, et de quelle manière, ce qui peut améliorer ou réduire l'efficacité selon le contexte.

La façon dont les coûts sont mesurés

L'estimation sera différente selon qu'elle est mesurée en tant que coût financier ou économique ou que les coûts sont calculés selon une perspective sociétale ou du prestataire. Les deux méthodes pour définir les coûts sont données ci-dessous :

Coûts financiers - La valeur des ressources qui sont directement "payées"

Coûts économiques - Cela comprend les coûts financiers ainsi que toutes les autres ressources qui contribuent au programme, indépendamment du paiement (par exemple, la valeur des terres proposées gratuitement ou le temps et l'équipement donnés en nature).

Les deux perspectives principales sont :

Perspective du prestataire - N'inclure que les coûts pris en charge par le prestataire de services (par exemple, l'organisme qui fournit et/ou paie l'intervention).

Perspective sociétale - Cela comprend les coûts du prestataire plus les coûts pris en charge par d'autres parties prenantes (par exemple, le savon acheté par les ménages ou le temps qu'ils consacrent à participer à des activités promotionnelles).

De nombreuses études et ressources font état du coût financier des prestataires, ce qui correspond à la somme réellement payée pour assurer une intervention en matière d'hygiène. Cependant, les coûts supplémentaires ajoutés dans la perspective sociétale peuvent largement contribuer à la réussite d'une intervention. Par exemple, les utilisateurs peuvent ne pas adhérer et participer à l'intervention si son coût est trop élevé.

Modèle de calcul des coûts de la Banque mondiale

Le modèle de calcul des coûts de la Banque mondiale couvrant 140 pays est une synthèse des preuves de coûts. Les auteurs ont étudié les documents concernant les coûts d'intervention et ont estimé le coût de "l'hygiène de base", c'est-à-dire la disponibilité d'une station de lavage des mains dans le foyer avec de l'eau et du savon. Le graphique ci-dessous présente les valeurs moyennes des données brutes de l'étude pour les coûts de base du matériel et informatique, ainsi que les coûts récurrents ultérieurs, séparément pour les zones urbaines et rurales. En considérant les coûts financiers du prestataire et sur la base de ce graphique, une station de lavage des mains entièrement subventionnée (matériel) et la promotion de l'hygiène (informatique) représentent environ 5-6 USD par personne (25-30 USD pour un ménage de cinq personnes). Les chiffres de ces figures sont ceux de l'année 2015. Les coûts récurrents représentent le coût annuel de l'eau et du savon pour les ménages, qui ne sont pas pris en charge par les prestataires. Notez que les dépenses informatiques sont environ deux fois supérieures à celles pour le matériel. C'est la preuve qu'il ne faut pas sous-estimer les ressources informatiques nécessaires à court et à long terme pour faciliter le comportement de lavage des mains.

Source : Analyse de l'auteur basée sur les données de Hutton & Varughese (2016)

Ces estimations doivent être analysées avec prudence. Premièrement, il s'agit de valeurs moyennes sur un grand échantillonnage. L'écart interquartile (représentant la moitié des estimations) était de 3 à 16 USD par personne en zone urbaine et de 3 à 8 USD en zone rurale. Deuxièmement, même si le coût informatique fait partie de l'étude, le type et l'intensité de l'approche programmatique peuvent varier d'une étude à l'autre. Ceci n'est pas abordé dans l'étude. Troisièmement, les estimations sont basées sur un nombre relativement faible d'études et le processus d'extrapolation entre les pays peut être à l'origine d'une grande partie de la variation présente. Pour terminer, l'investissement dans des interventions moins coûteuses peut compromettre l'efficacité. Ce document explique comment planifier les coûts des interventions en matière d'hygiène. L'étude de cas suivante donne un aperçu d'une intervention de grande envergure au Burkina Faso. L'objectif était de promouvoir l'hygiène plutôt que de fournir du matériel. Elle a pu tirer partie des économies d'échelle.

Étude de cas : lavage des mains avec les mères au Burkina Faso

L'étude a été menée en milieu urbain au Burkina Faso. Elle visait à obtenir un bilan détaillé d'un programme de promotion de l'hygiène à grande échelle réalisé auprès de 37 000 mères d'enfants de moins de trois ans. L'intervention est expliquée en détails sur un document distinct, avec :

  1. des visites mensuelles en porte-à-porte par des bénévoles de la communauté ;

  2. des discussions sur l'hygiène, ajoutées au programme standard de discussions des professionnels de la santé dans les centres de santé ;

  3. des représentations hebdomadaires par une troupe de théâtre dans les rues de la ville ;

  4. un ensemble de 12 émissions comiques à la radio sous forme de feuilleton, sur trois stations de radio locales ; et

  5. la formation proposée aux enseignants pour qu'ils organisent des cours d'hygiène dans les écoles primaires, avec également des seaux et des boîtes de savon.

Le coût de la préparation du programme et son exploitation pendant trois ans a été estimé à 14 USD par mère selon la perspective du prestataire, et 22 USD selon la perspective sociétale (ces figures tiennent compte de l'inflation et correspondent à la valeur du dollar américain en 2019). Cette évaluation du coût par personne ou par ménage, n'est pas facile. Même si les mères étaient la cible principale du programme, d'autres membres du foyer et les enseignants ont également pu profiter de certains aspects de l'intervention. Ces bénéficiaires ne figurent pas dans l'étude.

En ce qui concerne les coûts des programmes d'hygiène, quatre facteurs doivent être soulignés :

  1. Les organisations qui prévoient des initiatives d'hygiène liées à la COVID-19 doivent estimer leurs coûts d'intervention avec précision et signaler d'éventuels coûts qui reviendraient à d'autres acteurs (en particulier, les coûts économiques pris en charge par les ménages, afin de s'assurer de la viabilité du programme).

  2. Lorsque les données sur les coûts générées par d'autres sont utilisées, il est important de lire attentivement les documents afin d'évaluer les éléments qui peuvent être ajoutés et rejetés (par exemple, la perspective), et si les coûts sont communiqués par personne, par ménage, par village ou autre dénominateur. Ces détails sont très importants. Ils permettent d'utiliser avec précision les estimations de coûts sur d'autres programmes, ceci afin de les planifier.

  3. Les organisations qui mettent en œuvre des programmes d'hygiène sont encouragées à calculer et à partager les estimations de coûts afin de les comparer, d'en savoir plus l'une sur l'autre et de permettre aux autres d'utiliser les données pour la planification. Les dépenses réelles, qui peuvent être très différentes des coûts prévus, revêtent une importance particulière.

  4. Selon le contexte, le transfert des estimations de coûts est différent, par exemple entre les zones urbaines et rurales, ou entre des pays n'ayant pas le même niveau de développement économique. Ceci est vrai aussi bien pour les facteurs d'échelle visant la répartition et la densité de la population que pour les coûts des ressources, comme le temps consacré par le personnel.

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Notes de révision

Rédigé par : Ian Ross
Vérifié par : Marc Jeuland, Guy Hutton, Robin Lloyd
Article mis à jour le : 15/12/2020

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