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FAQs : Promotion des vaccins pour la prévention de la COVID-19
Section 2 : comment les acteurs de la lutte contre la COVID-19 peuvent-ils vaincre l'hésitation vaccinale et donner confiance aux gens pour les inciter à se faire vacciner ?
Section 2 : comment les acteurs de la lutte contre la COVID-19 peuvent-ils vaincre l'hésitation vaccinale et donner confiance aux gens pour les inciter à se faire vacciner ?
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Écrit par Jenny Lamb
Mis à jour il y a plus d’une semaine

Qu'est-ce que l'hésitation vaccinale et quels sont les facteurs qui l'influencent ?

L'hésitation vaccinale désigne le retard dans l'acceptation, ou le refus, des vaccins malgré la disponibilité des services de vaccination. C'est un phénomène complexe, spécifique au contexte, et variable en fonction du temps, du lieu, de la charge de la maladie et des vaccins disponibles. Les attitudes à l'égard des vaccins se situent sur un continuum - comme le montre le diagramme ci-dessous. Il est donc essentiel d'en tenir compte et d'agir avec les communautés pour combattre les perceptions erronées et la désinformation, et promouvoir la confiance et l'adoption du vaccin.

Le projet de confiance dans les vaccins (Vaccine Confidence Project) a mis au point un indice de confiance dans les vaccins (Vaccine Confidence Index, VCI), qui définit quatre domaines influençant la confiance dans les vaccins : l'importance, la sécurité, l'efficacité et la compatibilité avec les croyances. Au niveau mondial, cet outil a été utilisé en Inde, au Pakistan, au Nigeria, en Géorgie et au Royaume-Uni pour cartographier la confiance dans les vaccins de routine, les nouveaux vaccins et les vaccins sous-utilisés.

Le groupe de travail sur l'hésitation vaccinale au sein du Groupe stratégique consultatif d'experts (SAGE) de l'OMS esquisse les raisons de l'hésitation vaccinale dans trois domaines.

  1. Influences individuelles et de groupe - Il s'agit notamment des personnes qui sont contre les vaccins en général, qui estiment que les vaccins sont en contradiction avec les médecines alternatives ou traditionnelles, qui pensent qu'ils ont peu de risques de contracter la COVID-19, qui jugent la vaccination personnelle inutile si toutes les personnes de leur entourage sont vaccinées, et qui pensent que certains groupes sociaux ont des niveaux d'immunité différents.

  2. Influences contextuelles - Ce sont les personnes qui hésitent à se faire vacciner pour des raisons d'équité en matière de santé, de méfiance à l'égard des institutions nationales, de crainte de persécution ethnique, d'expériences avec des vaccinations antérieures (HPV, ROR) et de celles qui estiment que les vaccins sont incompatibles avec leurs opinions religieuses, politiques, culturelles, sociales, économiques ou philosophiques. Les expériences négatives passées liées aux vaccins ou à d'autres prestations de services de santé peuvent influencer la prise de décision des gens concernant les vaccins contre la COVID-19, même si ces expériences sont liées à des événements survenus plusieurs décennies auparavant.

  3. Vaccins et vaccination - Il s'agit des personnes qui peuvent s'opposer aux vaccins en raison de préoccupations relatives à la sécurité, aux effets secondaires, au rythme de développement du vaccin, au manque d'efficacité perçu, aux calendriers de déploiement des vaccins et à leur accessibilité, ainsi qu'aux mutations et variants émergents.

La désinformation, les rumeurs et les malentendus concernant les vaccins contre la COVID-19 contribuent à l'hésitation vaccinale dans chacun de ces trois domaines. Le groupe de travail souligne également qu'il est essentiel d'utiliser les informations, les connaissances et les données locales dans chaque contexte. En effet, la volonté d'accepter les vaccins n'est pas statique : elle dépend fortement des informations en temps réel, du statut de la pandémie, du risque perçu de contracter l'infection et la maladie subséquente, ainsi que de l'expérience antérieure des campagnes de vaccination et de leur déploiement, des vaccins et des rumeurs sur les vaccins. Il est donc nécessaire d'engager une conversation dynamique, convaincante et productive dans les deux sens pour combattre la désinformation et les malentendus sur les vaccins et favoriser l'adoption de ces derniers.

Que peuvent faire les acteurs de la lutte contre la COVID-19 pour renforcer la confiance et l'adoption du vaccin ?

Vous trouverez ci-dessous quelques principes généraux à prendre en compte pour renforcer la confiance dans les vaccins :

  • Une implication significative de la communauté est essentielle - Les acteurs de la lutte contre la COVID-19 doivent chercher à développer les composantes de leurs programmes portant sur l'implication des communautés et renforcer leurs compétences en matière d'écoute active, de tolérance et d'empathie afin de donner confiance dans les vaccins. Cela peut impliquer la mise en place de mécanismes structurés et informels pour recueillir et documenter les questions, préoccupations et opinions sur les vaccins. Dans la mesure du possible, les données doivent être collectées sur une base continue afin de saisir les changements de perceptions. Les organisations impliquées dans la lutte contre la COVID-19 doivent également favoriser les réunions entre les membres du personnel pour leur permettre de discuter des perceptions de la communauté, et décider des mesures à prendre pour que leurs programmes influent sur ces perceptions.

  • Identifier différentes manières de renforcer la confiance dans les vaccins - L'attitude de chaque individu envers les vaccins est influencée par une combinaison différente de facteurs. Par exemple, il est important d'admettre que vos programmes ne sont pas la seule source d'information sur les vaccins à laquelle les gens sont exposés. Chaque personne a ses propres cercles sociaux et côtoie donc une combinaison unique de personnes qui influencent son comportement et ses croyances, ce qui l'expose à différentes informations (y compris des informations erronées) et histoires sur les vaccins. Par conséquent, il est également nécessaire de mettre en place une série de mesures programmatiques pour encourager l'adoption du vaccin.

  • Les faits seuls ne suffisent pas toujours à faire changer d'avis - Le partage d'informations correctes sur les vaccins est essentiel pour promouvoir la confiance dans les vaccins, mais cela ne suffit pas toujours à vaincre l'hésitation à l'égard des vaccins. En effet, l'hésitation vaccinale est souvent liée à des valeurs sous-jacentes plus profondes qu'une personne peut avoir. Les faits et les chiffres ne seront acceptés que si les gens ont le sentiment d'avoir été écoutés et que leurs préoccupations et leurs valeurs ont été prises en compte. D'autres personnes seront peut-être plus convaincues en voyant et en entendant les expériences de vaccination de personnes qui leur ressemblent, ou en écoutant des "leaders d'opinion" au sein de leur communauté approuver l'utilisation des vaccins.

  • Utiliser la réflexion sur le changement de comportement - La science du comportement joue un rôle de premier plan dans la compréhension et la prise en compte d'une série de possibilités et d'obstacles à l'adoption d'un vaccin. The Little Jab Book présente les obstacles courants, notamment structurels (coût, accès, infrastructure), comportementaux (inertie, normes sociales dominantes, perception erronée, motivations sociales, etc.) et informationnels (désinformation, manque d'informations et complexité des informations). En outre, les notes d'information suivantes du Hub d'Hygiène peuvent être utiles pour comprendre et définir des interventions efficaces de changement de comportement :

  • Instaurer la confiance - La méfiance est souvent la raison la plus courante de l'hésitation vaccinale. La confiance s'entend à trois niveaux : la confiance dans le vaccin (le produit), la confiance dans le vaccinateur (le prestataire) et la confiance en ceux qui prennent les décisions concernant la fourniture du vaccin (le décideur politique ou l'institution responsable de l'élaboration et de la mise en œuvre du programme de vaccination). Il est important de comprendre que la méfiance existe normalement pour une raison, comme l'inadéquation des services de santé ou le manque de transparence de la prise de décision, ou encore des décisions qui ne servent pas toujours les intérêts des populations. Pour instaurer la confiance, les acteurs de la lutte contre la COVID-19 devront peut-être envisager de renforcer des aspects plus larges des systèmes de santé, et de réévaluer la conduite du personnel de santé et des décideurs.

  • Être honnête à propos de ce que l'on ne sait pas - Les actions de lutte contre la COVID-19 doivent être transparentes et honnêtes, en ce qui concerne non seulement leur propre expertise, que l'état des preuves au sujet des vaccins contre la COVID-19. Il est tout à fait acceptable de répondre aux questions de la communauté en disant "Je ne sais pas, mais je vais me renseigner", puis d'assurer un suivi avec cette personne lorsque vous aurez plus d'informations. La quantité de nouvelles preuves concernant la COVID-19 est si importante que personne n'a toutes les réponses. En prétendant avoir toutes les réponses, vous risqueriez surtout de vouer votre organisation à l'échec. Suscitez des attentes réalistes de la part de la communauté et proposez des solutions pilotées par la communauté.

Nous énumérons ci-dessous une liste d'interventions et d'outils de lutte, qui pourraient être reproduits ou adaptés dans divers contextes :

Approches pratiques pour comprendre et apprendre des communautés

  1. Mener une recherche formative (et/ou utiliser les résultats existants) sur les facteurs qui influencent la perception des vaccins dans votre contexte. Il s'agit d'étudier les schémas d'influence sociale et de partage, les croyances historiques, culturelles et religieuses liées aux vaccins, les préoccupations communes en matière de vaccins, les stratégies locales d'adaptation aux maladies et les innovations ou mécanismes au niveau communautaire qui pourraient favoriser le déploiement des vaccins et le maintien des comportements préventifs. Réfléchissez bien à la façon dont vous formulez vos questions sur les vaccins. Plutôt que de vous contenter de demander "Accepteriez-vous de vous faire vacciner ?", essayez de formuler et poser les bonnes questions de manière à ce qu'elles soient davantage orientées vers l'action : "Quelles informations aimeriez-vous obtenir, de quoi avez-vous besoin, provenant de qui et comment ?".

  2. Cartographier et comprendre où se déroulent les conversations sur les vaccins au sein de la communauté, car les différents pays et groupes sociaux utilisent des plateformes différentes.

  3. Utiliser les méthodes existantes de suivi de la perception des vaccins et essayez d'aligner votre travail sur celles-ci. En voici quelques-uns des nombreux exemples : COVID-19 Misinfo.org, le Tracker des perceptions communautaires d'Oxfam, le guide Rumour has it du réseau CDAC, tableaux de bord nationaux Talkwalker de l'UNICEF, Rooted in Trust - Bulletin rumeurs mondiales, méthodologie de suivi des rumeurs d'Internews (Rumour Tracking Methodology), la boîte à outils de gestion de l'infodémie de First Draft et de l'OMS. L'utilisation de ces ressources peut vous aider à prévenir l'émergence de perceptions similaires dans votre communauté locale et vous permettre d'entrer en contact avec des personnes d'autres régions du monde pour comprendre ce qui fonctionne pour encourager l'acceptation du vaccin.

    Documentation utile pour guider l'élaboration de votre stratégie de promotion de la confiance dans les vaccins

  4. Élaborer une stratégie pour impliquer différents publics et communiquer avec eux via des canaux de diffusion variés. Les ressources suivantes contiennent des conseils et des astuces utiles pour renseigner ce processus. Le guide pratique pour la gestion des fausses informations sur les vaccins (Vaccine Misinformation Management Field Guide) propose une approche par étapes (préparation, écoute, compréhension et implication), avec des conseils pour que votre contenu parle plus aux gens que les fausses informations, des exemples d'inoculation de messages et des interventions pour renforcer l'immunité aux fausses informations. Il existe d'autres outils pour mener efficacement la communication des risques et l'engagement communautaire (CREC), notamment les 10 étapes, les outils CREC, les indicateurs comportementaux et la stratégie mondiale COVID-19 de CREC.

    Activités et approches possibles pour promouvoir l'adoption du vaccin

  5. Lister les questions fréquemment posées par les communautés et proposer des pistes au personnel pour y répondre si elles leur sont posées dans le cadre de leur travail. Maintenir cette liste à jour et s'assurer que les informations sont conformes aux données actuelles et aux plans nationaux de déploiement des vaccins. Le fait de pouvoir se référer à ce document renforcera la confiance du personnel lors des discussions sur les vaccins, étant donné que ce sujet est peu familier à de nombreux travailleurs de première ligne.

  6. Faire part de ses expériences personnelles en matière de vaccination, car cela peut être un puissant facteur de motivation pour les autres. Ethan Lindenberger, qui a initié une vague de plaidoyers pro-vaccins en 2018, explique que "les gens sont sensibles aux personnes, pas aux données". Par ailleurs, il souligne qu'il est "important de faire preuve d'empathie pour démarrer une conversation". Le partage d'expériences peut se faire très simplement, par exemple en encourageant les gens à prendre des selfies lors de leur vaccination et à partager leur statut vaccinal sur les réseaux sociaux. Vous pouvez aussi réaliser de courtes vidéos de personnes connues se faisant vacciner et leur demander d'expliquer les facteurs qui ont influencé leur décision.

  7. Impliquer les chefs religieux, les groupes sociaux, les agents de santé, les enseignants et d'autres personnes influentes et les encourager à discuter de l'adoption du vaccin par les membres de leur communauté.

  8. Utiliser une communication crédible en présentant la vaccination comme le comportement par défaut ou normatif.

  9. Aider les communautés à comprendre certains concepts liés à la vaccination tels que l'immunité de groupe et mettre l'accent sur le fait que la vaccination est un moyen de protéger tous les membres de la société, et pas seulement soi-même.

  10. Renforcer la résilience du public face à la désinformation, notamment en renforçant la maîtrise du numérique et des médias. Cela aide les gens à comprendre ce dont ils doivent se méfier en matière de fake news ou de fausses informations, et à savoir quand ils doivent ou non partager du contenu avec leur réseau d'amis et de famille. Par exemple, GoViral est un jeu qui dure 5 minutes et qui permet de se protéger contre les fausses informations sur la COVID-19. Des études ont également montré que le fait d'encourager la réflexion critique peut rendre les gens moins susceptibles de partager des informations erronées. L'utilisation de différents formats de communication audiovisuels peut aider les gens à prendre le temps de réfléchir et à vérifier les faits avant de partager des informations ou du contenu sur les réseaux sociaux.

  11. Faire en sorte d'avoir une communication sur les vaccins claire, simple et exploitable. Cela peut consister à mettre au point des "appels à l'action" clairs pour stimuler les comportements, et à veiller à ce que les informations soient contextualisées et adaptées à des sous-groupes spécifiques des communautés et à certains types de croyances. L'utilisation de termes tels que "vous" et "nous" est plus susceptible de susciter la motivation et l'action, et la hiérarchisation et le regroupement des messages clés permettent d'éviter que les gens soient submergés d'informations. Par exemple, la "règle de trois" peut être une approche utile pour permettre aux personnes de se souvenir des comportements clés (par exemple, l'hygiène des mains, l'utilisation du masque, la distanciation physique).

  12. Les médias de masse tels que la télévision et la radio constituent une source d'informations fiables pour de nombreuses personnes. Les acteurs de la lutte contre la COVID-19 peuvent s'associer aux médias pour créer des opportunités de communication bidirectionnelle au sujet des facteurs qui contribuent à l'hésitation vaccinale. En voici quelques exemples :

  • Les vidéos COVID and Me , qui montrent des conversations à propos de la recherche sur les vaccins et de l'importance de se faire vacciner. Chaque histoire est basée sur des expériences réelles de patients et les conversations sont tournées en plusieurs langues.

  • Le Manuel actualisé de la BBC pour les médias sur la communication concernant la COVID-19 apporte des idées et des conseils pour une communication efficace afin de soutenir les comportements préventifs, de renforcer la confiance dans le vaccin et de contrer la désinformation. Il est conçu pour les médias mais est utile pour toute personne qui communique sur la pandémie et la lutte contre la COVID-19.

  • Team Halo est un réseau mondial actif qui regroupe des scientifiques et des professionnels de la santé qui publient des vidéos de questions-réponses à propos de la recherche sur les vaccins contre la COVID-19 et des programmes de vaccination afin de démystifier leur travail et de répondre aux craintes liées aux vaccins. Leurs petites vidéos sont publiées sur TikTok, Twitter et Instagram.

Principaux points à retenir :

  • L'acceptation d'un vaccin n'est pas statique, il est donc essentiel de comprendre les facteurs historiques, contextuels et sociaux qui peuvent influencer les attitudes envers les vaccins.

  • Informez-vous sur les préoccupations relatives aux vaccins contre la COVID-19 et créez des opportunités pour un dialogue continu.

  • Identifiez les compétences, les forces, les militants et les personnes de confiance de la communauté qui pourraient faciliter l'adoption des vaccins.

Pour en savoir plus sur l'intégration de la promotion de la vaccination au travail de prévention

Notes de révision

Rédigé par : Jenny Lamb

Article mis à jour le : 30 juin 2021

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